PORT-AU-PRINCE, mercredi 6 novembre 2024– Donald Trump défie tout obstacle grâce à sa détermination inébranlable et à la force de ses convictions. Pendant quatre ans, il a minutieusement préparé son retour historique, persuadé, comme ses fidèles partisans, qu’on lui avait injustement retiré le pouvoir. Trump se révèle être bien plus qu’un simple homme politique : il incarne une véritable machine, un « animal politique » que ses adversaires ont souvent sous-estimé.
Les médias occidentaux en sont sans doute affectés. Beaucoup de journalistes sont désormais perçus comme des influenceurs, dont la crédibilité est largement remise en question. Ils semblent parfois diffuser non des informations, mais leurs propres récits idéologiques. En fin de compte, ces mêmes récits finissent par être perçus comme des vérités par ceux qui les propagent. La situation actuelle est claire : les partisans de Trump espèrent qu’il jouera un rôle dans la pacification des relations internationales. Le désir est fort d’en finir avec les guerres coûteuses en vies humaines. Le Capitole est un souvenir ; l’Amérique d’aujourd’hui fait face à une inflation qui oblige les classes moyennes à lutter pour acquérir un logement ou même pour mettre du poisson sur la table.
Le présent, c’est aussi l’immigration illégale qui pose des questions de sécurité pour les États-Unis. Ce présent est également marqué par les conflits encouragés par des élites globalistes visant un contrôle accru sur la scène internationale. Dans ce contexte, l’électorat américain a réagi, exprimant un rejet des élites et une volonté de reprendre le contrôle. Quel que soit l’avis de chacun, cet acte est bel et bien démocratique, car le peuple, source du pouvoir, a choisi ses représentants légitimement à chaque niveau de l’appareil politique américain. Le pouvoir ainsi établi est délégué et consenti. C’est un signe fort ! La démocratie américaine, quoi qu’on en dise, montre son efficacité. En comparaison, la nôtre est souvent ressentie comme confisquée par des élites qui prospèrent dans le désordre, le chaos, et parfois même dans le crime organisé.
Le constat est implacable pour les démocrates, qui quittent la scène politique avec amertume.
Les critiques visant Trump, le présentant comme un fasciste ou irrespectueux envers les femmes, n’ont finalement pas eu l’effet escompté. Ce qui a réellement fonctionné, c’est sa capacité à trouver les mots justes pour s’adresser aux citoyens dont le quotidien est impacté par des politiques perçues comme hypocrites. La méthode Trump a porté ses fruits. Il a fait face à un système qui l’a toujours rejeté et auquel il n’a jamais souhaité appartenir.
Kamala Harris, autrefois critiquée pour son incompétence durant l’ère Trump, avait pourtant été propulsée comme l’incarnation d’un avenir politique par certains médias. Malgré cela, elle n’a pu résister. « Elle a mené une campagne avec dignité », a déclaré une ancienne Première ministre du Québec. Si elle avait gagné, cela aurait été perçu comme une victoire d’un féminisme opposé à la masculinité. Pourtant, le courant du « protestantisme zéro » a échoué. Les résultats des urnes sont un revers pour les gauchistes et certains féministes radicaux avec l’élection démocratique de Donald Trump. Le Parti démocrate, perçu désormais comme un parti d’élites diplômées fières mais déconnectées, a subi un coup sévère. Dans une démocratie, le peuple ne décide pas de tout, mais il choisit ses dirigeants, et c’est l’essence même de la démocratie libérale.
L’Amérique était-elle prête à accepter une femme présidente ? Hillary Clinton n’avait pas réussi, malgré son parcours émérite. Donald Trump a battu deux figures démocrates féminines, rappelant que la lutte entre hommes et femmes, lorsqu’elle est instrumentalisée politiquement, devient improductive. L’homme n’est pas l’antagoniste de la femme, mais son égal et son complément. L’idée de remplacer la masculinité par la féminité comme projet politique est un chemin incertain. Les défis globaux, en effet, appellent à une coopération sincère entre hommes et femmes, unis dans une quête de justice et de fraternité universelle. C’est la voie de l’avenir.
Le séisme politique du 5 novembre 2024 restera gravé dans l’histoire américaine. Cette élection incarne la résilience d’un homme, Donald Trump, avec une ténacité qui frôle le caractère mythique. Ce parcours mérite d’être examiné et chaque observateur tentera d’en saisir la portée. Personnellement, j’ai tenté d’en donner une explication, mais il est difficile de convaincre ceux qui sont ancrés dans des certitudes différentes. Heureux est mon ami d’enfance, Pierre Jean Bony, qui m’a dit : « Tes analyses depuis deux semaines sont plus que justes. »
Le message est sans ambiguïté : le peuple américain rejette les élites perçues comme déconnectées de leurs réalités. La situation d’Haïti n’est pas comparable à celle des États-Unis, mais il est indéniable que notre pays a besoin, lui aussi, d’un leadership visionnaire pour soulager la souffrance des plus vulnérables. Un référendum contre les élites haïtiennes, critiquées pour leur manque d’initiative depuis plusieurs décennies, pourrait ouvrir la voie à un changement durable pour toutes les familles du pays.
Comme je l’affirme souvent, la vraie réalité d’Haïti réside dans ses campagnes et dans ses masses urbaines en difficulté : le reste — cette élite dominante qui semble dénuée de vision nationale — n’est que superficialité.
« Elit ki gen pouvwa se elit ki konprann soufrans pèp li » — le pouvoir appartient à des élites qui comprennent la souffrance de leur peuple, et non à celles qui, déconnectées, vivent dans le luxe en laissant leur peuple mourir.
Sonet Saint-Louis
Professeur de droit constitutionnel à l’Université d’État d’Haïti
Faculté de droit, 6 novembre 2024
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