Jean-Rony Monestime André,
Maplewood, NJ, dimanche 16 octobre 2022– Des mots. Des verbes. Des expressions. Il y en a beaucoup. Ils sont nés tous pour l’élocution du parler humain. En Haïti, des évènements créent bien des mots adaptateurs : souvent saisis par la clameur publique ; parfois applaudis par un micro révélateur, tantôt imagés par un stylo-surligneur. C’est ainsi qu’en 1986, des masses révoltées ont créé le mot « déchoukage » ; au soir des ans 1990, des fêtards du carnaval ont créé le mot « Laloz » ; à l’aube de l’an 2010, des micros affligeants ont créé le mot « goudougoudou », décrivant la résonance du séisme du 12 janvier. Ces néologismes sont les témoins soit d’une euphorie soit d’une tristesse, voire l’expression d’un sentiment d’irritation. Et voilà, ils appartiennent désormais au parler haïtien.
L’actuelle gangstérisation du pays procure, pour sa part, le moyen de créer un « néologisme » qui fait peur : la Gangolution ! Ce mot est né de la farce des gangs, usurpant le noble mot « révolution ». C’est Jimmy Chérisier (Barbecue), chef du G9-an-Fanmi-e-alye, groupe de 9 gangs fédérés, qui a annoncé une comédie de révolution. Pour lui, la révolution c’est de kidnapper des gens moyens et/ou des pauvres, tuer des innocents, brûler des maisons, massacrer des gens dans les quartiers jugés anti-PHTK (Haïti Standard, 2020).
La révolution du G9 n’a rien contre les oligarques, les familles riches qui détiennent 90% de la richesse du pays, rien contre les pilleurs du Petro Caribe, rien contre les ambassades complices, rien contre les antinationaux. À l’opposé, la révolution selon G9 c’est d’être fédérateur d’hommes de mains du PHTK, préparant un probable retour au pouvoir de ce groupement politique, bloquer des artères de la capitale, rançonner les passants des quartiers pauvres, violer des femmes et exécuter des enfants (Haïti-Progrès, 2021).
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