Bahamas, 16 janvier 2020- Le processus démocratique et l’ordre constitutionnel viennent d’être interrompus brutalement par le président Jovenel Moïse qui, par un tweet, a déclaré constater “la caducité du parlement.” Jovenel Moïse vient de perpétrer un coup d’Etat contre le parlement. Le chef de l’Etat qui agit avec le soutien de l’oligarchie et des ambassades, notamment celles qui ont toujours supporté tous les projets anti-démocratiques en Haïti, se croit au-dessus des lois et des institutions de la République qu’il s’est évertué à démanteler depuis son arrivée au pouvoir.
Par cette décision arbitraire, le président viole délibérément la Constitution qui établit à six ans, le mandat des sénateurs et du décret électoral de 2015. Il entraîne ainsi le pays dans une zone de forte turbulence politique juste pour se débarrasser de quelques adversaires et satisfaire son égo. Il est vrai que la cinquantième législature et la plupart des sénateurs s’étaient mis servilement au service quasi exclusif du régime en place, rien n’autorise, cependant, le président à écourter le mandat d’aucun parlementaire. C’est contraire à la constitution, à la démocratie et aux principes de séparation des pouvoirs.
Le chef de l’Etat qui n’a pris aucune disposition pour que les élections aient lieu à temps de manière à éviter ce vide institutionnel, se donne ainsi tous les pouvoirs pour agir tout seul. C’est un acte arbitraire et intolérable qui met en péril les acquis démocratiques du peuple haïtien. Déjà, des gens sont emprisonnés pour leurs opinions. Certains font l’objet de mandat. D’autres ont été contraints de quitter le pays. Le régime en place jusqu’à restreindre la liberté de mouvement de certains détenteurs de passeports diplomatiques et officiels.
Vassalisées, la justice et la police deviennent des instruments de répression et d’harcèlement et persécution politique contre les opposants au pouvoir en place. Ces pratiques et ces méthodes anti-démocratiques, rappellent bizarrement de très mauvais souvenirs d’un temps particulièrement douloureux que l’on croyait révolu à jamais.
Sans gouvernement légitime, sans budget et sans parlement, Jovenel Moïse dont la politique n’a jamais suscité de consensus, s’offre un boulevard pour multiplier les dérives totalitaires. Déjà, les signes avant- coureurs d’une dictature naissante se manifestent. L’heure est grave. Les prochains jours s’annoncent particulièrement difficiles. Désormais, loin de s’inquiéter, les citoyens, les démocrates et tous les progressistes doivent unir leurs forces, faire preuve de vigilance et d’intelligence pour affronter le mauvais temps qui s’annonce sur le pays avec un chef d’Etat aveuglé par le pouvoir absolu qui se croit mandaté pour violer impunément les droits de ses compatriotes au lieu de satisfaire leurs besoins.-