PORT-AU-PRINCE, mardi 20 décembre 2022-L’idée la plus répandue depuis la demande d’invasion d’Haïti faite par Ariel Henry, se cachant derrière ses ministres, est que tous ces femmes et hommes au pouvoir sont des incompétents. C’est une vérité relative; certains d’entre eux sont de cyniques criminels, d’autres simplement des “suivistes”. Au fait, ils sont, tous, complices, responsables de nos malheurs parce qu’ils acceptent de décider dans un domaine qui n’est pas de leur compétence.
D’abord, Ariel Henry ne s’est pas auto proclamé premier-ministre et (président en cachette) une stupidité, non fonctionnelle dans le tissu sociologique haïtien. À croire que l’État haïtien est brusquement devenu une plaisanterie ! Le premier choix était Claude Joseph. Grandes manœuvres autour du cadavre encore chaud d’un président “démantibulé” dans sa résidence. Un bouquet rare : épouse-témoin exclusif, premier ministre démissionnaire et premier ministre en attente (sur sa propre demande). Dans n’importe quel pays ces trois-là auraient dû répondre “san pran souf” aux questions de la justice. Non, bien sûr, puisque c’est l’architecte de tous nos malheurs présents qui avait utilisé Jovenel Moïse pour casser toutes les structures institutionnelles de l’État. Et, après 17 mois, les auteurs du désastre tournent en rond, assistant avec mépris au spectacle de notre quotidien fait de milliers de cadavres d’enfants, de jeunes, de femmes et d’hommes victimes des “petits bandits”, exécutant les plans des grands manitous étrangers et haïtiens. Aucune pitié pour ceux devenus du jour au lendemain des sans-abris, vivant dans l’angoisse et le désespoir. Pour cette bande de “san konsyans” ce n’est qu’un détail.
L’embarras des blancs
Depuis le soir du 7 octobre, date de la demande infâme, certains Haïtiens se sont fait l’illusion que les blancs allaient venir les délivrer. Le 7 janvier prochain, on sera à 3 mois de cet « espoir » qui tarde à se concrétiser. Entre temps je n’ai entendu que des stupidités sur le plan technique. De “Force robuste”, on est aujourd’hui à “Force d’intervention rapide”. On est, déjà, dans l’oubli de cette “Force spéciale” qui allait venir libérer les missionnaires américains et canadiens pris en otage par les 400 mawozos. Je suis au regret de le dire : des blagues ! Cyniques certainement, mais, des blagues. Heureusement on ne les a pas entendues de la bouche de militaires. Sait-on, en Haïti, ce que veut dire sur le plan militaire une “Force robuste”, ou une “Force d’intervention rapide” ? Le terrain de la criminalité, dont sont victimes les haïtiens, ne se prête à aucune de ces options.
Les blancs qui interviendront, peut-être, connaissent le côté stupide de ces approches rendues public. C’est le fait de “politiciennes et politiciens de Washington et d’Ottawa”. Embarrassés, ces derniers ont pris le raccourci des vraies-fausses sanctions, distillées avec parcimonie et discrimination. Comme si pendant toutes ces années ils ne voyaient pas toutes ces sommes qui entraient dans leur économie ! D’ailleurs l’un de ces malfaiteurs internationaux, méprisant et arrogant, nous a balancé à la figure que ces valeurs ne seront pas restituées à Haïti ; seulement quelques milliers de ces beaux dollars seront jetés aux haïtien au titre de l’humanitaire. Donc, les voleurs “qu’ils protègent” ont volé pour eux. Je comprends alors la saine et juste colère de Michel Soucar.
Les peurs des blancs
À l’émission “Le Point” du 16 décembre 2022, le Lieutenant Reginald Delva a dit avec justesse que ce qui se passe en Haïti n’est pas de la compétence de simples bandits. C’est l’absolue vérité du calvaire qui nous est imposée. Je n’ai cessé de le répéter depuis le début ! Aucun bandit local n’a la compétence pour réaliser une opération aussi parfaite de mise en état de siège de la capitale haïtienne. Il suffit de prendre une carte de la baie de Port-au-Prince pour comprendre le siège, puis l’étranglement classique qui s’en est suivi.
Les “grands” auteurs de nos malheurs connaissent la compétence technique de ceux qui sont aux commandes de toute cette “insécurité” : ils les ont, eux-mêmes déportés vers Haïti. En ont t-ils perdu le contrôle sur le terrain ? Je ne sais.pas. Réginald Delva a également repris et confirmé le fait que les ressources pour résoudre le problème existent en Haïti. Ce n’est pas au hasard qu’elles sont évitées !
Vous croyez vraiment que c’est pour les beaux yeux du petit prêtre ou encore en faveur de la démocratie qu’ils avaient démantelé les Forces Armées d’Haïti ? N’est-il pas vrai qu’ils reconnaissent tous que le problème qui est là dépasse le savoir-faire de la police et que, pour cela, il faut des forces armées ? Et…que proposent-ils à part professionaliser une PNH créée et formatée par eux-mêmes ? Un vrai “filalang” !
Notre docteur s’est prêté à un jeu cynique dans une association criminelle composée d’étrangers et d’haïtiens imposant cette tribulation à la population. Ils espèrent, tous, organiser ainsi d’autres élections frauduleuses, installer la nouvelle marionnette de leur choix à la tête du pays, pour couvrir leurs forfaits et, nous continuerons de plonger dans les abîmes sans fond de la misère et de la peur. Pour comprendre les enjeux de la situation présente, il nous faudrait consulter les cartes géographique et *géologique* de la baie de Port-au-Prince et aussi ressusciter… le docteur Mathurin. Le problème est hautement sérieux. Je ne vois pas pourquoi l’assassin devrait nous aider à sauver la victime !
Bonnes et fausses solutions
À tout ceci, il y a des solutions. De vraies comme de fausses.
Les bonnes
Vous n’avez pas remarqué un rapide et surprenant changement tactique et de comportement des bandits intermédiaires tout de suite après la mise en cause, par l’international, de certains pontes économiques ? Voilà un indicateur puissant. J’ai toujours dit que la solution au problème de l’insécurité n’est pas au niveau de la rue. La fièvre, ce n’est jamais le thermomètre. Il faut aller après le microbe. Nos microbes, le docteur capable de nous les indiquer aujourd’hui s’appelle Ariel Henry.
Les bandits intermédiaires ? Victimes et complices des bandits à cravates sont devenus des hommes riches, désireux de jouir de leurs avoirs avec leurs enfants, dans de bonnes écoles, et leurs maîtresses “douco” logées chez le voisin. Vous ignorez tout ça ? Menteurs !
Les petits bandits de rue ? La plus grande stupidité serait de les exterminer. Ils sont d’importants filons. Il faut les neutraliser. Les empêcher de nuire.
Pour corriger la situation, il y a juste un manque de matériel adéquat et d’équipements physiques et technologiques adaptés.
La sécurité est dans :
1) La doctrine
2) La stratégie et… enfin dans
3) Les plans.
J’en entends beaucoup parler ces jours-ci et…aux plus hauts niveaux. Bon kisaw vlem di…se chèf kap pale ? Ki donk oun sosyete pral regle oun pwoblèm aussi sérieux sans règles, normes, institutions…en dehors de la justice ? La pagaille est assurée !
Les fausses
Vous savez qu’elles sont toujours plus faciles, attirantes et rapides…comme les bouzen de rue. À 98%, c’est ce plat qui nous sera servi. Une force superficielle ne prenant aucun risque, envoyant “par anba” de l’argent aux bandits intermédiaires ; puis, patrouillant nos rues presque en permanence. Après un mois de…”paix”, nous serons prêts pour des élections “ inclusives, sincères, libres et…démocratiques”. Rapide. Vous ne trouvez pas ?
Nous sommes donc à la croisée des chemins. Arrêtez de croire aux mensonges de nos “sauveurs”. Devenons un peu plus adultes et nos assassins auront enfin peur de nous.