Écrire au Préservatif Crevé Première Forme…

Des armes saisies dans un container dedouane...

Par Rev. Dr. Nathanael Saint-Pierre,

 NEW-YORK, mardi 11 octobre 2022– Comment regarder ce qui se passe en Haïti aujourd’hui et ne pas se sentir interpellé? Comment est-ce que des personnes qui se disent chrétiennes peuvent-elles montrer tant d’indifférence et de mépris envers un peuple qui a tant donné pour combattre les systèmes oppressifs du monde?

Ce matin, ça me tente d’écrire – pas au conditionnel ou au participe présent mais au préservatif crevé – parce qu’il faut prendre conscience que la démocratie qu’on impose à Haiti, est un préservatif crevé. On a voulu et on veut encore nous sortir de la dictature, mais sans nous apprendre à créer les structures nécessaires à l’établissement de la démocratie. On ne fait que nous l’imposer sans prospectus, donc sans aucun avertissement sur ses effets secondaires.

Duvalier est peut-être mort et enterré mais ses méthodes habitent chaque Haitien, qu’il veut l’admettre ou pas. Duvalier n’est ni le fils, ni le père. Les tests de paternité l’ont démontré. Avant eux, déjà, tout était à l’envers. De Dessalines à Magloire lutter pour ce « trou de marde » est le seul exercice que nos hommes politiques ont su mener. C’est pour cela qu’ils l’ont enculées sans pitié ni vergogne. Et ça continue.

Le préservatif a crevé laissant Haïti enceinte d’un batard qu’elle a du mal à accoucher. Mais au lieu de la tête, ce sont les pieds qui apparaissent les premiers. Ni la femme sage (les autorités locales) ni l’obstétricienne gynécologue (la communauté internationale) n’ont l’expertise pour replacer l’avorton et faciliter l’accouchement. Le chirurgien est un con pétant et l’anesthésiste un con descendant. Entre temps, les accords se multiplient, les dilatoires (deal à trois) aussi. Les rumeurs vont bon train, les suspicions et diffamations aussi. On s’accusent de part et d’autres. Qui est le malandrin qui a utilisé ce condom pété? Est-ce le petit père des pauvres ou le chanteur en petites culottes. D’autres se disent pourquoi chercher un coupable? Haïti s’est prostituée qu’elle se débrouille toute seule. Trouvons donc une solution haïtienne à la crise même si le bébé porte l’ADN de l’étranger. Situation compliquée pour un bébé qui doit mais ne veut sortir.

Même l’église, la morale immorale s’enfarge dans les fleurs du tapis. D’ailleurs parler d’elle au singulier est d’abord créer plus de confusion en ce qui a trait à la paternité du bébé. Plusieurs hommes d’église de plusieurs tendances ont profité de la gracieuseté et de la gratuité de la madame en chaleur. Quand ce n’est pas la laitue romaine qui empoisonne c’est le chou anglican qui est suspecté de fournir les armes sur un marché lucratif qui pond des riches en un rien de temps. Juste à côté il y a la salade (malade de préférence) des pasteurs les uns plus César que les autres allant jusqu’à participer à l’assassinat d’un président; du moins c’est ce que veut la rumeur. L’église est donc en plein dans la sauce et le pays nage dedans divisé par la religion. Pour qui travaille l’église? Notre seule certitude c’est qu’elle ne travaille pas pour le peuple. Quand changera t-elle son fusil d’épaule pour se tenir du côté des opprimés et les outiller pour que d’autres préservatifs crevés ne viennent encore et encore abuser et tromper Haïti? Faudra-t-il attendre un Messie, qui n’a jamais gagné de coupe du monde, pour le sauver de toutes les formes de préservatifs crevés?

Dans toutes les solutions à l’emporte-pièce qui sont sur le tapis, pas une peut vraiment se faire sans l’étranger. Les solutions pullulent et polluent une atmosphère déjà en décomposition. Nous n’accusons que les autres, les étrangers, les conzés, les comptables et les compatibles sans les jamais condamner. Et si on commençait par assumer la responsabilité du préservatif crevé? Qui est le père? On s’en fou! Mais ce bébé a besoin de nous. Cette mère abusée, violée, et vilipendée contre son gré a besoin de la conscience de ceux qui disent qu’ils l’aiment. Soyons donc responsables de chacun de nos gestes et de nos actions. Nous avons assez brûlé il serait temps de commencer à bâtir. Évaluons les conséquences de ces aiguilles que nous mettons dans nos poches car nous sommes tous responsables de ce préservatif crevé. Car tant qu’à conjuguer au préservatif crevé, vaut mieux le faire à l’imparfait du préservatif et être prêt à faire face aux cons (en) séquence.