Par Pierre-Raymond Dumas,
Port-au-Prince, vendredi 6 août 2021– On a là un débat de fond, n’est-ce pas ? Cela dépend. Pas la peine d’évoquer le caractère fallacieux et publicitaire du premier slogan pour entraîner la chute fort regrettable du président Aristide–j’ai toujours été publiquement contre le départ prémédité de ce dernier — ,on connaît la suite: aucun renouveau ni de la classe politique ni de la société civile n’a été initié par les tenants du mouvement GNB dans les années ultérieures.
Quel va être le destin des thuriféraires et aficionados de la Transition de Rupture dans cette conjoncture post–Jovenel Moïse ? Vantée ardemment par l’opposition radicale et d’autres secteurs de la société civile pour combattre ‘’Neg bannann,’’ cette énième Transition décrite comme une terre promise est, semble-t-il, de moins en moins invoquée pour rallier les uns et les autres, aujourd’hui déchirés en plusieurs regroupements prêts à assauter le fauteuil bourré. Et comment!?…Mais les Blancs, en particulier les Américains, veillent, oscillent, calculent, attendent, en maîtres et seigneurs certes excédés par nos TURPITUDES (terme chéri par notre grand-oncle Jean Price Mars) mais tout aussi responsables de cette longue gestion désastreuse de l’après-Duvalier qui représente quasi-inexorablement à l’enfer…Tant de crimes et de luttes intestines pour rien, en fin de compte, à tel point que tout le monde est unanime à reconnaître que la seule chose qui a marché à merveille, c’est le pillage systématique des maigres ressources financières du pays. Ce qui explique que la pauvreté envahissante, la criminalité à gogo, le chômage, l’exode rural, les voyages clandestins vers l’étranger constituent des défis grimaçants en progression continue. La lutte contre la corruption et la reddition des comptes , voilà les politiques publiques à promouvoir avec vigueur pour que notre puisse se relever!
A quoi peut-on s’attendre face à ce constat lamentable d’aspirant-dirigeants et d’anciens dirigeants incapables de s’entendre en toute bonne foi, pour le bien de la patrie si meurtrie aujourd’hui, en pleine banqueroute, sans avenir certain ? Il n’y a pas de Transition de Refondation possible lorsque les principaux prédicateurs de cette Rupture sont divisés, affaiblis, recroquevillés sur leurs agendas et objectifs respectifs. Cette situation de guerre de tranchées à des conséquences négatives sur le climat général du pays qui ne pourra pas continuer interminablement à vivoter sous la férule d’un gouvernement provisoire, n’en déplaise aux contempteurs des élections. Le gouvernement provisoire d’Ariel Henry, sans consensus large et sans capacités de rétablir la sécurité en pacifiant les zones de non-droit, peut ,dans son échec retentissant, nous rapprocher d’une conjoncture semblable à celle de 1957 (succession de gouvernements provisoires)ou à une intervention internationale directe .