“Détruire Viv Ansanm et reconstruire Haïti : une guerre à mener sur tous les fronts”…

Jimmy 'Barbecue'' Cherizier, chef du ''G-9 an Fanmi e Alye'' lourdement arme...

PORT-AU-PRINCE, dimanche 23 mars 2025- La menace terroriste que représente Viv Ansanm en Haïti n’est pas seulement une crise sécuritaire ; elle est le symptôme d’un État affaibli, d’une jeunesse abandonnée à son sort et d’une société fracturée par des décennies de misère et de mauvaise gouvernance. La montée en puissance de cette coalition criminelle n’est pas le fruit du hasard : elle est le résultat d’un vide institutionnel, d’une corruption endémique et d’une économie qui laisse des millions de citoyens sans perspective d’avenir. Face à cette situation, la réponse doit être à la hauteur du défi. Elle ne peut se limiter à une simple intervention militaire ou policière ; elle doit être globale, stratégique et ancrée dans une vision de long terme.

Pour affronter Viv Ansanm et restaurer la sécurité nationale, Haïti doit impérativement créer une force spéciale antiterroriste intégrée, formée et équipée pour mener une guerre asymétrique contre un ennemi insaisissable. Cette unité d’élite devra allier expertise militaire, renseignement et intervention rapide, à l’image de ce qu’ont mis en place la Colombie face aux FARC ou le Sri Lanka contre les Tigres Tamouls. Sans renseignement efficace, toute offensive restera aveugle et inefficace. Il faut donc infiltrer les réseaux de Viv Ansanm, cartographier ses soutiens et ses financiers, et anéantir progressivement son infrastructure logistique et ses moyens d’action.

Mais la victoire ne se gagnera pas uniquement sur le champ de bataille. Le nerf de la guerre est financier, et il est impératif d’assécher les sources de financement de Viv Ansanm. Les rançons, le trafic d’armes, la contrebande et les soutiens occultes constituent son carburant. Une surveillance renforcée des flux financiers, une coopération avec les banques et les entreprises de télécommunications, ainsi qu’un cadre légal adapté pour criminaliser toute aide logistique ou financière aux terroristes sont indispensables. Ceux qui financent ou soutiennent Viv Ansanm de près ou de loin doivent être traqués et jugés avec la plus grande fermeté. La complaisance, souvent observée au sein même de l’appareil étatique, doit cesser.

Toutefois, dans cette lutte, il faut distinguer les véritables criminels des recrues forcées ou manipulées par la détresse sociale. Beaucoup de jeunes enrôlés par Viv Ansanm n’ont jamais eu d’autre choix que celui des armes pour survivre. Il faut leur offrir une porte de sortie. Un programme de démobilisation, de désarmement et de réinsertion (DDR) doit être mis en place pour ceux qui acceptent de se rendre et de renoncer à la violence. Inspiré de l’expérience colombienne avec les ex-FARC, ce programme doit inclure une formation professionnelle, une réinsertion économique et un accompagnement psychologique. Ceux qui, par contre, persisteraient dans leur engagement terroriste devront être traités avec la plus grande rigueur par la justice.

Parallèlement, il est impératif de protéger les communautés locales qui subissent au quotidien la terreur imposée par Viv Ansanm. Elles ne doivent pas être seulement spectatrices, mais actrices de leur propre sécurité. Des cellules de veille citoyenne, encadrées par les forces de l’ordre, doivent être mises en place pour alerter anonymement sur les mouvements suspects. La peur doit changer de camp. Mais pour que ces citoyens osent briser le silence, ils doivent être protégés. Des refuges sécurisés, une justice rapide et efficace, et une présence étatique forte sont indispensables pour éviter toute représaille.

Cette lutte contre le terrorisme ne peut réussir sans une réforme en profondeur des institutions. La police, gangrenée par la corruption et infiltrée par les criminels, doit être assainie de toute urgence. Une refonte du système judiciaire s’impose pour garantir que les procès des terroristes et de leurs complices ne soient pas entachés de lenteurs administratives ou de corruptions qui les exonèrent. Il faut instaurer une cellule d’enquête indépendante capable de remonter les filières de la corruption et de frapper là où se trouvent les complicités les plus haut placées. Car la vérité est simple : sans complicité au sommet, Viv Ansanm n’aurait jamais pu prospérer aussi rapidement.

Toutefois, une guerre uniquement répressive serait vouée à l’échec. L’État haïtien doit comprendre que l’insécurité est d’abord et avant tout le reflet d’un désastre socio-économique. Tant que la jeunesse haïtienne n’aura ni école, ni emploi, ni perspective, elle sera une proie facile pour les groupes terroristes. Il est impératif de développer une politique d’emploi d’urgence pour les jeunes des quartiers défavorisés, en leur offrant des formations techniques, des emplois publics et un cadre de vie sécurisé. Des investissements massifs doivent être faits dans l’éducation, la santé et les infrastructures de base. Un enfant qui grandit dans un bidonville sans accès à l’eau potable, sans école et sans espoir n’a que deux options : l’exil ou la violence.

Dans le même ordre d’idées, il faut travailler sur une stratégie de déradicalisation et de contre-discours. Viv Ansanm, comme tout groupe terroriste, prospère sur la propagande et la manipulation sur les réseaux sociaux. Il faut donc mener une bataille culturelle et médiatique pour déconstruire leur discours, sensibiliser les jeunes et utiliser les leaders religieux et communautaires pour contrer là tentatiin des jeunes d’intégrer les structures terroriste. Des campagnes sur les réseaux sociaux, des émissions de radio éducatives et des actions de sensibilisation sur le terrain doivent être mises en place pour éviter que d’autres jeunes ne tombent dans le piège.

L’histoire récente nous enseigne que des pays autrefois ravagés par des groupes terroristes ont réussi à reprendre le contrôle de leur destin. La Colombie a mis fin à un conflit de plus de cinquante ans en combinant répression militaire et réinsertion sociale. Le Sri Lanka a démantelé l’une des organisations terroristes les plus redoutables au monde par une guerre sans concession et une reconstruction nationale. L’Algérie a surmonté une décennie noire grâce à une politique de contre-insurrection et de réconciliation nationale.

Le Salvador, autrefois l’un des pays les plus violents au monde, a drastiquement réduit la criminalité grâce à une politique de sécurité radicale menée par le président Nayib Bukele. Depuis mars 2022, l’état d’urgence a été instauré, permettant l’arrestation de plus de 75 000 membres présumés de gangs et la suspension de certaines libertés, comme l’interdiction des arrestations arbitraires et le droit à un avocat.

Le gouvernement a militarisé la lutte contre les gangs MS-13 et Barrio 18, encerclant leurs bastions et utilisant des technologies de surveillance avancées. Pour gérer l’afflux de prisonniers, Bukele a fait construire la plus grande prison d’Amérique latine, le Centre de Confinement du Terrorisme (CECOT), pouvant accueillir 40 000 détenus dans des conditions ultra-sécurisées.

Ces mesures ont permis de réduire le taux d’homicide à moins de 2 pour 100 000 habitants en 2024, faisant du Salvador l’un des pays les plus sûrs d’Amérique latine. Malgré les critiques sur les violations des droits de l’homme, la population soutient largement cette politique, voyant en elle la fin d’un règne de terreur instauré par les gangs. Haïti peut et doit suivre cette voie.

Ce combat est vital, car il engage l’avenir même de la nation. Il ne peut être remis à plus tard ni être mené avec demi-mesure. Il est temps pour l’État haïtien de reprendre son autorité, de restaurer la sécurité et d’offrir enfin une alternative crédible à son peuple. Car si Haïti ne se sauve pas elle-même aujourd’hui, demain il ne restera que le chaos.