PORT-AU-PRINCE, mardi 9 avril 2024-Pour la vérité et pour l’histoire, un Commissaire du Gouvernement, magistrat de son statut, qui menotte et tue, de sang-froid, un être humain commet un acte d’ignominie judiciaire. Il doit être jugé, aussi bien intentionné soit-il.
Si, par peur collective, nous nous autorisons à applaudir la barbarie et l’exécution sommaire, le principe veut pourtant que chacun lutte énergiquement contre la violence dans le respect de son serment et de la dignité de sa fonction. Un homme sans allégeance, sans égard à son serment, est un danger pour l’humanité.
Aussi déterminé soit-il, un architecte ne peut pas opérer un malade, bien que celui-ci l’y autorise sous le coup du désespoir. Certains efforts irrationnels n’aboutiront pas et peuvent aggraver le sort. Même si la loi avait rétabli la peine de mort en Haïti, la procédure aurait été longue, contradictoire et précautionneuse pour éviter des erreurs judiciaires irréversibles. Celui qui glorifie le mal aujourd’hui en sera la victime demain.
Je suis profondément et publiquement contre les gangs qui doivent également être jugés au regard du droit des victimes et l’établissement de la vérité. Mais, je suis aussi contre tous ceux qui utilisent et perpétuent les mêmes moyens barbares des gangs pour lutter contre les gangs. Si, par légitime défense, quelqu’un tue, la justice l’absoudra.
Mais lorsque nous contemplons l’agonie d’une victime, nous filmons allégrement l’indignité ; un magistrat décapite lui-même un citoyen (parfois probablement étranger à la cause reprochée), se moquant de toute procédure judiciaire ou jugement, sans égard pour sa hiérarchie ou les valeurs sociales protégées ; je suis convaincu que la barbarie ne peut chasser la barbarie. Nul ne peut rétablir l’ordre au moyen de l’anarchie.
« Tout Magistrat ou tout citoyen est tenu, sans délai aucun, de dénoncer, formellement et par écrit signé, tout acte malhonnête avéré commis par un autre fonctionnaire ou un autre citoyen (quel que soit son rang), sous peine de complicité et d’indignité de témoignage ». Art. 21 CIC. N’attendons pas les bons moments qui ne viendront que seulement si nous accomplissons nos devoirs citoyens.
N’ayez pas peur de parler des faits véridiques. Car le mensonge fanatique, médiatique et facile (même vraisemblable) tombera au départ ; la vérité immuable (même difficile) règnera à la fin.