Editorial,
Kansas, dimanche 12 septembre 2021– Il y a peu, comme le refrain d’une chanson populaire, le discours ‘‘Transition de rupture’’ était quasiment sur toutes les lèvres, à l’exception de celles qui croyaient tout allait bien en Haïti.
Il y a peu aussi depuis que, ‘‘transition de rupture’’ commence, timidement mais certainement, à faire place à la cohabitation et la continuité malsaine entre ‘‘progressistes circonstanciels et réactionnaires réels et confirmés.
A bien regarder la situation qui se développe sous nos yeux, on dirait que la transition de rupture prônée par la société civile et la majorité des partis de l’opposition à Jovenel Moïse n’aura pas lieu. Du moins pas maintenant. Pas avec certains d’entre eux…
Pas avec certains d’entre eux parce qu’ils sont trop pressés pour satisfaire leur soif de pouvoir et d’argent. Pas avec certains d’entre eux parce qu’ils oublient déjà les engagements qu’ils ont pris publiquement d’accompagner le peuple jusqu’à satisfaction de ses revendications. Pas avec certains d’entre eux parce que dans leur lutte pour le pouvoir à tout prix, ils sont devenus méconnaissables, se livrant à tous les excès, à toutes les manœuvres indignes.
Transition de rupture et changement de système, beaucoup d’haitiens y croyaient et peut-être y croient encore fortement. Et ils n’ont pas tort…
Ils y croyaient tellement qu’ils se sont fait massacrer, arrêter, gazer pour voir se matérialiser, du moins poser les bases et les fondements d’un nouveau projet politique-Un projet innovateur susceptible de couper le pont avec la corruption, la gangstérisassion, l’incompétence institutionnelle et systématique de l’Etat.
A ce stade, Haïti a besoin non pas que la politique se fait autrement, mais qu’on fait une autre politique pour que les haitiens reprennent confiance en eux-mêmes, se mettent au travail pour reconquérir sa souveraineté et sa dignité. Au-delà de tout, Haïti a besoin, en vérité, de leadership compètent, visionnaire, responsable et surtout intelligent et prêt à se sacrifier pour le bien-être collectif du pays.
Ce discours martelé insatiablement depuis plus de trois (3) ans dans les médias traditionnels et sur les réseaux sociaux, a fait son chemin, conquis des cœurs et galvanisé des citoyens de toutes les couches sociales, de toutes les confessions religieuses et de toutes les tendances politiques, sauf les néofascistes. Un leadership qui comprend les enjeux nationaux dans le contexte du 21e siècle et géostratégique.
Le discours ‘‘transition de rupture et de changement de système’’ a drainé des centaines de milliers d’haitiens dans les rues en Haïti et à l’étranger. Généralement dispersés par la police qui se comporte souvent comme une espèce de milice politique, ils ont marché pacifiquement pour exiger le respect de la constitution, contre la dictature, l’insécurité et le kidnapping d’Etat, contre la corruption et pour le respect du droit à la vie…
C’était un vrai leitmotiv. En ville ou en campagne, les haitiens souhaitaient vraiment rompre avec le pouvoir tyrannique du PHTK, symbole vivant du système décrié, emmené par le défunt Jovenel Moïse.
Ils répondaient massivement presque à toutes les convocations de l’opposition et ou de la société civile pour une transition de rupture.
Aujourd’hui, certains des plus ardents défenseurs de la transition rejoignent l’autre camp et entrent du même coup dans une sorte de cohabitation pour garantir une continuité que plus d’uns jugent malsaine.
Comment expliquer cette volte-face spectaculaire ? Comment faire convaincre les parents des victimes du régime en place que ‘‘ Transition de rupture et changement de système’’ ne s’inscrit plus à l’agenda du combat des tenants du ce discours ? Comment leur faire croire que ce n’était pas réaliste et qu’il s’agissait d’un simple slogan creux sans substance ?
Peu importe les explications des uns et des autres, la rupture est indispensable et se fera avec ou sans les progressistes circonstanciels.