Par Pradel Henriquez, ex-ministre de la culture et de la communication,
PORT-AU-PRINCE, vendredi 23 décembre 2022– AMIJOMO constitué d’anciens ministres de Jovenel Moise est profondément attristé en apprenant , ce vendredi 23 décembre 2022, la nouvelle du décès de
Madame Odette Roy Fombrun agée de 105 ans.
En effet, Odette Roy Fombrun, qui fait tout de suite penser à d’autres grandes dames de cette intelligentsia haïtienne, disparues, il était une fois, Paulette Poujol Oriol, Marie Chauvet, Collimon Boisson, ou encore, Mona Guérin notamment, reste et demeure, à n’en pas douter, une légende vivante qui vient de nous quitter.
Tout compte fait, elle doit absolument servir de modèles pour nos différentes générations, en particulier, pour les jeunes au service desquels, à l’instar de ces autres dames, comme des immortelles, elle a, elle aussi, Odette R. Fombrun, consacré toute son existence.
Madame Fombrun, on se le rappelle, est celle qui a été mille fois honorée tant pour son oeuvre immense ou multiforme que pour son parcours exemplaire dans notre milieu.
On retient toutefois qu’elle fut entr’autres, surnommée TRESOR VIVANT NATIONAL.
En témoin actif de son temps, infirmière, historienne, écrivaine, chroniqueure, romancière, pédagogue, Odette Roy Fombrun, n’a jamais cessé de faire l’apologie du “konbitisme” comme mode de vie traditionnellement paysanne. Cette mode de vie justement qui inspirait déjà par exemple, l’oeuvre littéraire d’un Jacques Roumain dont le célèbre roman, GOUVERNEURS DE LA ROSÉE, et qu’il importe , selon l’intellectuelle, Odette R. Fombrun dans la peau tantôt, d’une prédicatrice universelle, passionnée, tantôt, d’une vraie combattante ou d’une militante, de valoriser, de promouvoir, ou mieux, de pratiquer chez nous, dans notre quotidien de peuple, afin de reconstruire le tissus socio économique national délabré.
De fait, c’est ce constat de délabrement , de déclin, de déchéance, d’effondrement collectif, en effet, qui a poussé Odette Roy Fombrum qui venait juste d’atteindre alors ses 103 ans, à prononcer comme le grand cri nègre (ici la formule est de Aimé Césaire) de cette guerrière sur le point de mourir , on dirait quasiment, sur son champ de bataille :
” Je suis triste d’être sur le point de partir en laissant mon pays en lambeaux….”.
Odette Roy Fombrun ne pouvait pas faire mieux que partir…
Puisqu’il y a un âge , un timing, un destin, un jour, où il faut absolument quitter la table et laisser parler son oeuvre…
AMIJOMO salue ce bel héritage qu’elle nous lègue et transmet toutes ses sympathies à la famille de Odette R. Fombrun, à ses proches, à la classe intellectuelle affectée, à la Fondation Odette R. Fombrun qui a juré pour sa part, de prendre le relai, dans la logique de cette riche vision de celle qui s’est affirmée en tant qu’une femme majeure pour notre culture, Odette Roy Fombrun.
Paix à son âme !