Port-au-Prince, 11 juin 2021– Alors que la République croyait pouvoir tourner le dos au projet de nouvelle Constitution de Jovenel Moïse, élaboré sans consulter les divers secteurs de la société, il revient en flèche, ce vendredi 11 juin, sur son compte twitter, invitant tous les secteurs de la vie nationale à apporter les corrections qui sont nécessaires pour doter le pays de ce nouveau document, qu’il croit être utile pour la Nation.
Jovenel Moïse s’appuie sur les commentaires partagés par le Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken indiquant que “s’il y a une possibilité et une opportunité “, si les étapes appropriées sont respectées, d’avoir des élections…, lors d’une audition sur le budget 2022 du Département d’État devant la commission Affaires étrangères du Congrès, le 7 juin dernier, s’opposant formellement au projet de référendum constitutionnel, reporté sine die, par le Conseil électoral provisoire (Cep), lundi dernier, en raison, dit-on, de la dernière vague de la pandémie du coronavirus dans le pays, causant des morts et plusieurs milliers de personnes infectées.
Selon M. Moïse qui joue sa dernière carte, les recommandations seront prises en compte par les membres du Comité Consultatif Indépendant (CCI), qu’il suggère de continuer d’expliquer à la population les grands points dans cette ‘’loi-mère.’’
Chacun savait que M. Moïse est prêt à tout mais comment ose-t-il utiliser ce stratagème pour imposer sa loi dans un pays chosifié, aliéné, meurtri par des gangs armés défiant les lois et autorités policières. Il devient de plus en plus clair, que Jovenel Moïse est têtu comme un âne, méprisant l’ordre de l’Administration américaine qui accepte de le garder encore au pouvoir, au su et au vu de ses opposants fatigués avec ce régime incompétent, corrompu et improvisateur.
Quelle garantie a-t-il et de qui l’a-t-il reçu pour être aussi arrogant et prétendre pouvoir adopter une nouvelle constitution taillée sur mesure, en dépit de l’opposition d’importants secteurs nationaux et internationaux ? A quel jeu joue Jovenel Moïse qui, depuis le 7 février n’a ni légalité ni légitime, au regard de l’article 134-2 de la constitution de 1987 amendée ? S’agit-il d’une nouvelle diversion pour tuer le temps, duper ses opposants afin de s’accrocher au pouvoir jusqu’au 7 février 2022 ou au-delà de cette date, comme il le désire, avec le soutien de ses tuteurs nationaux et internationaux ? Pourra-t-il réaliser ce rêve que certains qualifient de démoniaque ?
Il est évident que Jovenel Moïse veut pérenniser le règne ‘’Tet Kale.’’ Cependant, sa gestion catastrophique, l’absence de résultat, la prolifération des gangs armés fédérés sous le label du ‘’G-9 an Fanmi e Alye,’’ accusé d’implication dans des massacres, l’insécurité criminelle grandissante, le démantèlement des institutions publiques, l’aggravation de l’appauvrissement de la population, l’insécurité alimentaire, la politisation de la police, la vassalisation de la justice, les violations systématiques des droits de l’homme, sont entre autres des passifs que l’équipe au pouvoir ne peut pas faire avaler à des citoyens qui attendent toujours d’avoir de la nourriture dans leur assiette et de l’argent dans leur poche.