214 ans après, le projet social du père fondateur de la nation haitienne, Jean Jacques Dessalines, sert encore de boussole dans notre combat présent pour une société plus juste et plus égalitaire. Le professeur Sonet Saint-Louis tient à nous le rappeler.
Par Me. Sonet Saint-Louis
Le Général Jean Jacques Dessalines, tombé le 17 octobre 1806, au Pont Rouge est le père fondateur de notre nation. L’homme qui nous sert de modèle. De boussole.
Un destin exceptionnel car il naquit dans l’esclavage le 20 septembre 1758. Mais il a su transcender sa condition en libérant son pays du système immonde et inhumain de l’exploitation de l’homme par l’homme.. C’est pour cela qu’il est grand.
Sa grandeur vient non seulement du fait d’avoir créé une nation libre – la première république noire du monde – mais aussi de ce qu’il a su imposer son rêve de liberté à la conscience universelle. Il appartient à l’histoire universelle.
“Tout moun se moun” fut sa devise. Le commandant en chef Jean Jacques Dessalines fut un nègre fondamental. En lui, c’est l’humanité debout dans sa singularité et sa diversité.
Dans la conception du père fondateur, il n’y a ni blanc, ni jaune, ni noir, ni femme, ni homme. On est tous égaux. Pour lui, l’idéal de la fraternité universelle n’admet pas de différence. Voire de barrière. En ce sens, le Général fut un leader moderne hors pair. Un humaniste avant la lettre. Un homme qui croyait dans l’égalité, l’égalité dans son sens absolu. Il croyait dans l’homme universel. Le général Dessalines est, sans conteste, un modèle d’héroïsme à offrir dans un monde où, malheureusement, des hommes comme lui, d’envergure universelle, manquent terriblement.
À la tête d’une armée d’hommes et de femmes, le général Dessalines, le bras nu comme la lame de son sabre, frappa de toutes parts, renversa tout ce qui se présentait devant lui comme obstacles, dans sa volonté inébranlable de mettre fin à l’oppression. Il y réussit. Les femmes haïtiennes au front n’attendaient pas que l’égalité leur fût apportée par les mâles. Elles étaient là, sur le terrain des conflits, à coté d’eux, dans la férocité du combat mettant face à face deux projets, deux humanités. Un féminisme guerrier naquit, revendiquant une humanité universelle. Il mit ainsi fin au mythe occidental de la supériorité de l’homme sur la femme, basée sur la force physique. Une déconstruction de la pensée dominante occidentale qui commande une redéfinition des rapports sociaux à l’echelle mondiale et une relecture de l’histoire même.
De sa condition d’esclave, il accéda au poste de commandant en Chef de l’armée haïtienne. Un itinéraire qui le place au-dessus de tous les conquérants de l’Histoire moderne.
Le Général Jean Jacques Dessalines n’a cessé d’être un grand homme parce que sa patrie est aujourd’hui frappée de déchéance. 17 octobre 1806 fut certes un évènement douloureux dans notre histoire mais il nous contraint, nous Haïtiens et Haïtiennes, à regarder l’avenir avec assurance.
Retrouvons donc le souffle de celui par qui la rédemption de toute une race était venue. Moment de l’histoire universelle, il restera un grand général, malgré la dégénérescence d’Haïti, son pays, son oeuvre colossale. Ramassons le drapeau dessalinien et brandissons-le fièrement !Me Sonet Saint – Louis av
Professeur de droit constitutionnel
Sous les bambous
La Gonave, 16 octobre 2020