Rentrée judiciaire ce 5 octobre sur fond de grève des greffiers et de frustration des magistrats

Me Jean Wilner Morin, President de l'ANAMAH

Port-au-Prince, 5 octobre 2020- L’année judiciaire 2021 s’ouvre ce lundi 5 octobre dans toutes les juridictions du pays. L’ensemble du personnel judiciaire reprend ses activités officiellement.

Cependant, cette rentrée judiciaire se fait sur fond de crise et laisse présager des perturbations dans le secteur. La rentrée coïncide avec une grève générale des greffiers qui dure depuis bientôt trois (3) mois dans les dix-huit (18) juridictions du pays.

Aucune entente n’a encore été trouvée jusqu’ici entre le ministère de la justice et l’Association Nationale des Greffiers (ANAG) pour favoriser une reprise des activités des greffiers au niveau du système judiciaire.

Les greffiers observent cette grève illimitée depuis le 28 juillet dernier pour exiger le respect du protocole d’accord passé entre le ministère de la justice et l’Association Nationale des Greffiers qui prévoit notamment un changement du statut du greffier, un ajustement de salaire de 75%, une couverture médicale, une carte de débit et des promotions pour les détenteurs des archives de tribunaux.

Le président de l’ANAG Martin Aimé qui se dit ouvert au dialogue pour dénouer la crise, conditionne, cependant, la levée de la grève à la satisfaction des principales revendications des greffiers.

Le président de l’Association Nationale des Magistrats Haïtiens (ANAMAH), Me Jean Wilner Morin qui soutient la grève des greffiers, fait appel à la sagesse du ministre de la justice pour répondre aux revendications des grévistes afin d’éviter que les tribunaux continuent d’être paralysés au cours de la nouvelle année judiciaire.

Selon le magistrat, la présence des greffiers est fondamentale pour le bon fonctionnement des tribunaux. ‘’Ils prennent des notes et tiennent les archives des audiences, sans eux les jugent ne peuvent pas siéger pour entendre les affaires, déclare Me Morin.’’

Il souligne également que les magistrats ont des revendications toujours non satisfaites en dépit des promesses qui leur ont été faites. Le magistrat affirme que le mandat d’une soixantaine de juges n’a pas été renouvelé depuis plusieurs années, en dépit du fait que le CSPJ ait soumis une liste à l’exécutif qui n’a toujours pas donner suite à cette requête.

‘’Les magistrats ne souhaitent pas entrer en grève, toutefois, prévient-il, les autorités doivent tenir leurs promesses et faire ce qui est leur en pouvoir pour éviter des perturbations au niveau du système judiciaire.’’

C’est aussi la position du président de l’Association des Magistrats Professionnels, Me Wando Sainvillier qui insiste sur la nécessité pour l’exécutif de renouveler le mandat des juges dont le mandat a expiré depuis plusieurs années.

Selon lui, la persistance de cette situation risque d’impacter négativement le fonctionnement des tribunaux et la distribution de la justice.