Port-au-Prince, 23 octobre 2020- Des pièces à conviction de plusieurs dossiers actuellement en cours de traitement au niveau de la justice au palais de justice de Port-au-Prince, ont disparu selon ce que révèle le premier des greffiers, Martin Aimé, président de l’association nationale des greffiers haitiens (ANAGH).
Les pièces à conviction sont essentielles dans la préparation et dans le déroulement d’un procès. Ce sont ces éléments qui permettent au ministère public de soutenir son argumentaire et convaincre le tribunal lors d’un procès, de la culpabilité d’un accusé.
Selon M. Aimé, à part le dossier de Me Monferrier Dorval, les corps du délit des dossiers de l’ancien député Arnel Bélizaire, d’Arnel Joseph, présumé chef de gang de village de Dieu écroué depuis juin 2019, et de Tije ainsi connu, présumé chef de gang de Carrefour-Feuilles, tué en avril 2019 lors d’une opération policière à Delmas 83.
Il a fait savoir également que le dossier d’instruction relatif au massacre perpétré le 13 novembre 2018 a la Saline aurait disparu du cabinet d’instruction.
Intervenant ce vendredi sur plusieurs radios de la capitale, Martin Aimé a indiqué que les greffes des tribunaux, des cabinets d’instruction et du parquet ne dispose de cameras de surveillance ni de moyens modernes de protection des pièces à conviction.
Dans le cadre du dossier de Me Dorval, il a affirmé que le greffier affecté au juge qui instruit cette affaire, a reçu une seule clé des autorités, mais, a-t-il précisé, ce dernier ne serait pas le seul à en disposer.
En plus de l’argent, des armes à feu, des bijoux, des téléphones et des laptops qui sont souvent emportés au palais de justice, des véhicules de tout type (camions de marchandise, voitures et motocyclettes), constituant tous des corps du délit ont disparu mystérieusement aussi ou ont été démolis pièce par pièce sur la cour du palais de justice, a souligné le greffier.’’
Martin Aimé a cité, à titre d’exemple, le cas d’une cinquantaine de motocyclettes saisies lors de différentes opérations policières, sont littéralement démolies et cela ne fait l’objet d’aucune enquête judiciaire pour fixer les responsabilités et punir les auteurs de tels actes.
Dénonçant la complaisance et la négligence qui caractérisent le fonctionnement des structures judiciaires, Martin Aimé a appelé le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) et le ministère de la justice à assumer pleinement leurs responsabilités, chacun en ce qui le concerne en vue de corriger cette situation qui entrave, selon lui, une bonne distribution de la justice dans le pays.
Une enquête pénale est ouverte sur la disparition mystérieuse de certaines pièces à conviction dans le cadre du dossier de l’assassinat de l’ex-bâtonnier de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval, selon ce qu’a confirmé, le doyen du tribunal pénal de première instance de Port-au-Prince, Me Bernard Saint-Vil.
L’enquête a été confiée à la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Le magistrat qui se lave les mains dans cette situation qui dure depuis longtemps au niveau du tribunal de première instance de Port-au-Prince, a également fait savoir que la justice sévira contre les auteurs de ces actes.