Port-au-Prince, 15 Août 2020 (RHINEWS)- Les avocats de la Société Générale d’Energie (SOGENER) qualifient de totalement illégale et inappropriée la démarche du commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Gabriel Ducamel qui sollicite des services d’immigration des Etats-Unis le rapatriement de Dimitri Vorbe et l’émission de mandat d’arrêt international contre d’autres actionnaires de la Compagnie.
Le Parquet de Port-au-Prince a demandé à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) de saisir l’Interpol aux fins d’émettre un mandat équivalent à une notice rouge contre Jean-Marie Vorbe, Délatour Agnès Elizabeth Débrosse Préval et Albert Edouard Dimitri Vorbe.
Dans sa correspondance en date du 14 Août 2020, le parquet a accusé ces actionnaires de la Société Générale d’Energie (SOGENER) de faux et d’usage de faux, d’escroquerie, de blanchiment des avoirs, d’enrichissement illicite et d’association de malfaiteurs.
Selon Me Guerby Blaise, avocat de la SOGENER, de Dimitri Vorbe et des autres actionnaires concernés par l’initiative du parquet, il n’est pas de la compétence du commissaire du gouvernement de s’adresser directement aux officiels américains pour produire une telle demande.
De son avis, le commissaire du gouvernement devrait écrire à ses supérieurs hiérarchiques au ministère de la justice qui, de leur côté s’adresseraient au ministère des affaires étrangères pour acheminer une telle demande aux autorités américaines.
Sans minimiser l’action du commissaire du gouvernement dont il relève des anomalies et des incohérences majeurs, Me Blaise dénonce des persécutions politiques entreprises par le pouvoir en place contre les Vorbe pour les mettre hors du circuit des affaires dans le pays.
Il affirme que le dossier est encore au cabinet d’instruction et que c’est le juge instructeur qui pourrait solliciter qu’un mandat d’arrêt soit émis à l’encontre de ses clients. Il dit ne pas comprendre pourquoi le régime de Port-au-Prince s’acharne autant contre la famille Vorbe,
Agissant dans la précipitation pour faire le mal, le commissaire se trompe même sur la date à laquelle il avait émis son mandat à l’encontre de Dimitri Vorbe, précise Me Blaise. Dans sa correspondance, il a fait référence à un mandat émis en date du 4 Mars 2020, pourtant dans la correspondance adresse aux services d’immigration des Etats-Unis, il a fait mention d’un mandat émis le 23 juillet 2020, souligne-t-il.
Pour sa part, Me Fanfan Guérilus se dit surpris de constater que le commissaire du gouvernement n’était pas au courant qu’il n’existe pas de traité d’extradition entre Haïti et les Etats-Unis.
‘’Cela traduit l’incompétence de ceux qui administrent la justice du pays, déplore-t-il lors d’une interview à RHINEWS, avant d’ajouter que le commissaire du gouvernement se met dans la peau d’un indicateur pour les services d’immigration des Etats-Unis qui dénonce le statut légal d’un ressortissant haïtien pour tenter d’attirer la sympathie des autorités américaines pour donner suite à sa démarche illégale.’’
Il dénonce ce qu’il appelle une justice de l’arbitraire placée sous contrôle du pouvoir politique qui s’en sert pour mettre hors-jeu tous ses adversaires.
Selon l’homme de loi, l’ensemble du processus ayant conduit à toutes ces persécutions politiques contres les Vorbe, a été bâclé et que le pouvoir en place qui instrumentalise la justice, a fait tout jusqu’ici pour tenter d’obtenir gain de cause dans une affaire qui n’aurait aucun fondement juridique.
‘’Le dossier est entre les mains d’un juge d’instruction, le doyen a décidé de le confier à un autre juge sans que le premier n’ait été dessaisi du dossier, rappelle-t-il. En principe, explique-t-il, le commissaire du gouvernement devrait prendre un réquisitoire supplétif, au lieu d’un réquisitoire d’informé, afin que le juge instructeur puisse continuer à apprécier le dossier puisqu’il s’agit, en réalité, des mêmes faits et des mêmes parties.
‘’Le juge a émis des mandats d’arrêt sans avoir entendu préalablement les concernés. On émet des mandats d’arrêt à l’encontre d’individus en fuite. A ma connaissance, aucune des personnes visées par les mandats du parquet, n’est en fuite. A date, dit-il, la seule personne auditionnée dans le cadre de cette affaire, c’est Réginald Vorbe alors que celui-ci n’est pas un actionnaire de la SOGENER.’’
Il déplore que le juge Mathieu Chanlatte qui travaille parallèlement sur le dossier ait décidé d’ordonner, dans la précipitation, la mise sous scellés de la SOGENER et la saisie des biens des actionnaires de la compagnie au point de se lancer dans des persécutions à l’encontre de Reginald Vorbe qui n’a rien avoir avec la SOGENER.
Me Fanfan Guérilus assure que les avocats de la SOGENER et de ses actionnaires ne resteront pas les bras croisés et feront sous peu, ce que de droit. La défaite du droit étant provisoire, le règne de l’arbitraire, une fois terminé, le droit et la justice triompheront, espère-t-il.