Port-au-Prince, 14 Août 2020- Le barreau de Port-au-Prince rappelle aux avocats de l’ordre l’obligation qui leur est faite de s’astreindre au code déontologique de la profession d’avocat.
Dans un communiqué en date du 12 Août 2020, le barreau souligne que, ‘’ chaque fois qu’un avocat va poser un acte ou prendre la parole en public, il doit se rappeler les règles déontologiques auxquelles il est astreint.’’
‘’L’avocat, écrit le barreau, ne doit pas plaider dans la presse, quelle qu’en soit la forme ou le support ; il ne doit pas non plus y affronter son confrère, l’y invectiver ou échanger des informations sur un dossier dont la justice est saisie.’’
Réagissant à cette note, l’ancien conseiller du président Jovenel Moïse, Reynold Georges a appelé le bâtonnat à faire le retrait immédiat de cette note de rappelle qui est contraire, selon lui, à l’esprit de la constitution du 29 Mars de 1987.
Il estime que la sortie du barreau participe d’une démarche visant à museler les avocats et que c’est une atteinte à la liberté d’expression.
Pour sa part, l’ancien commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Jean Danton Léger déclare qu’aucun avocat ne devrait se plier à cette initiative du barreau de Port-au-Prince.
Selon lui, les interventions des avocats dans les médias sont importantes pour l’opinion publique qui joue un rôle très important dans certaines affaires qui sont traitées au tribunal.
Le directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Pierre Esperance estime que cette démarche du barreau est mal venue dans le contexte actuel marqué par la vassalisation de la justice par le pouvoir exécutif.
Selon M. Esperance, cette sortie du barreau qui s’apparente à un soutien tacite au régime en place qui viole les droits humains, risque de fragiliser les avocats qui se rangent du côté de la population et qui défendent les plus faibles.
Il affirme que les droits humains sont violés systématiquement. Les justiciables n’ont pas accès à une justice équitable et les dossiers sont distribués sur une base partisane, voilà ce qui nous préoccuper aujourd’hui, précise Pierre Esperance.
‘’La justice n’est pas indépendante, elle est instrumentalisée par le pouvoir en place pour persécuter ses adversaires politiques. Il faut éviter d’offrir un boulevard au régime en place pour continuer à violer les droits humains et à réduire la justice à plus simple expression, prévient Pierre Esperance.‘’
Il suggère que les avocats se réunissent en assemblée pour débattre de ces questions au lieu de traiter un problème aussi crucial à travers une note de presse.