Port-au-Prince, 27 décembre 2020- Préoccupé par l’enlisement de la crise qui paralyse depuis un mois le fonctionnement régulier des tribunaux de première instance et des Cours d’Appel, le président de l’Association Nationale des Magistrats Haïtiens (ANAMAH), Jean Wilner Morin exhorte le ministre de la justice à entamer des discussions avec les parquetiers afin de juguler la crise.
Les commissaires du gouvernement des dix-huit (18) juridictions et des cinq (5) Cours d’Appel du pays sont en grève depuis le 23 novembre 2020 pour exiger le respect intégral de la loi du 27 novembre 2007 qui régule le statut et le fonctionnement de la magistrature haïtienne.
Les parquetiers réclament entre autres la fin des disparités dans les traitements entre magistrats assis et magistrats debout, de meilleures conditions de travail, le paiement de leurs arriérés de salaire et certains privilèges dont une carte de débit, des bons de carburant et des cartes de recharge téléphonique.
Selon Me Morin, les revendications des commissaires et substituts du commissaire du gouvernement sont justes et fondées et méritent d’être prises en compte par le titulaire de la justice.
Déplorant que le ministère se lance dans une opération de recrutement de nouveaux parquetiers, Me Morin estime que Rockefeller Vincent ferait mieux de négocier une sortie de crise avec les grévistes au lieu de les affronter en tentant de les remplacer arbitrairement.
Pour sa part, le président du Réseau National des Magistrats Haitiens (RENAMH), Ikerson Edumé, met en garde contre toute action punitive du ministère de la justice à l’encontre des parquetiers grévistes.
Le ministère peut recruter des magistrats debout, mais cela ne doit pas viser à mettre les magistrats qui observent un arrêt de travail hors du système sachant que leurs revendications sont justes et légitimes.
Me Edumé dit encourager le ministre de la justice à privilégier le dialogue pour résoudre la crise au lieu de porter le dossier sur le terrain politique qui risque d’entraver tout dénouement.
De son côté, le président de l’Association des Magistrats Professionnels (APM) Jean Claude Martel, désapprouve la démarche du ministre de la justice qui s’aviserait de remplacer massivement les parquetiers.
Il affirme que l’APM s’opposera à toute décision illégale qui consisterait à remplacer les commissaires du gouvernement parce qu’ils sont en grève pour défendre leurs droits.
Il précise que le droit de grève est reconnu et garanti par la constitution et personne ne pourra priver les parquetiers de l’exercice et de la jouissance de ce droit.
En plus de paralyser le fonctionnement des tribunaux et des Cours d’Appel, la grève des magistrats debout pénalise les justiciables et contribue à augmenter le nombre de personnes en situation de détention préventive prolongée dans les centres carcéraux du pays.