Cité Soleil est toujours en proie à la violence. Livrée à elle-même, sans protection ni défense, la population de Cité Soleil fait les frais d’une guerre de gangs rivaux qui veulent contrôler le plus grand bidonville du pays. Les morts et les blessés se comptent par dizaine, les déplacés par milliers. Ces violences meurtrières n’épargnent pas les enfants en bas âge, les femmes enceintes et les vieillards. Tout se passe dans le silence et l’indifférence absolue des plus hautes autorités de l’Etat, notent les organicismes de défense des droits humains…
Cité Soleil, 6 Août 2020- Cinquante (50) personnes ont été tuées, trente (30) autres disparues et quinze (15) femmes violées à Cité Soleil au cours du mois de juillet selon ce que rapporte le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH).
Plusieurs dizaines de maisonnettes ont été incendiées. Plusieurs milliers d’habitants de Cité Soleil ont déserté la zone pour fuir la violence meurtrière qui sévit dans le plus grand bidonville du pays.
Selon le directeur exécutif du RNDDH, Pierre Esperance, il s’agit d’un bilan partiel puisque, note-t-il, les corps de certaines victimes ont été soit brulés soit jetés à la mer pour ne pas laisser de trace.
Interrogé par RHINEWS, M. Esperance affirme que les victimes sont enregistrées parmi la population civile livrée à elle-même, sans défense ni protection, précisant que les policiers ont déserté le sous-commissariat de Cité Soleil.
Le défenseur des droits humains souligne que ces personnes sont les victimes directes d’un conflit armé qui oppose le nommé Ti Gabriel au porte-parole du G-9 en famille et allies Iscar Andris qui se disputent le contrôle de vaste bidonville où la majorité de la population vit dans la privation totale.
Selon Pierre Esperance, au moins deux massacres ont été perpétrés dans la région métropolitaine depuis la création du G-9, réputé proche du pouvoir en place. Il cite notamment le massacre de Pont-Rouge en Mai et Juin dernier qui a fait au moins trente-quatre (34) morts et celui de Cité Soleil qui serait toujours en cours.
Esperance déclare déplorer que depuis 2017, l’administration du président Jovenel Moïse n’ait consenti aucun investissement substantiel susceptible de renforcer la police nationale. Au contraire, précise-t-il, le pouvoir a préféré investir dans les gangs armés dans la perspective des prochaines élections.
‘’Les bandits armés qui terrorisent la population, disposent des armes lourdes, des munitions et de l’argent pour commettre des crimes en toute impunité. Il en résulte que nous avons abouti à une situation d’insécurité d’Etat où la police se trouve affaiblie complètement et dans l’impossibilité de s’acquitter de sa tâche, souligne Pierre Esperance.
Il précise que huit (8) sur les 15 véhicules blindés achetés en décembre 2019 pour la police nationale sont tombés en panne. Certains n’auraient pas de sièges fonctionnels. Pour les opérer, les policiers utilisent des blocs pour s’asseoir, indique Pierre Esperance.
Ces blindés ont coûté plus de 2.9 millions de dollars américains a l’Etat haïtien, selon un rapport du sénateur Youri Latortue qui avait révélé en Mars dernier que ces engins dont l’acquisition a été surfacturé à 40%, étaient de mauvaise qualité.
Au moins neuf (9) massacres ont été perpétrés dans la région métropolitaines de 2017 à nos jours, faisant plusieurs dizaines de morts, des blessés et des milliers de déplacés.
Se disant profondément préoccupés par les violations des droits humains dans le pys, les Etats-Unis ont appelé le gouvernement d’Haïti à protéger les citoyens haïtiens, à combattre la corruption et à mettre fin aux activités des gangs armés.
Les Etats-Unis déclarent constater que les gangs armés violent systématiquement les droits humains des habitants de communautés telles que Cité Soleil, La Saline, Bel-Air, Martissant et Village de Dieu.’’