Au moins 111 personnes tuées par balles, 20 autres blessées, 50 portées disparues et 18 victimes de viols collectifs”, dans des attaques armées contre la population de Cité-Soleil, selon le RNDDH

Vue d'un quartier de Cite Soleil...

Cité Soleil est toujours en proie à la violence meurtrière. Conduits par des ensauvagés, les gangs rivaux continuent de s’affronter régulièrement dans le cadre d’une lutte pour le contrôle du plus grand bidonville du pays. Abandonnée à la misère et à l’insécurité criminelle, la population de Cité Soleil est prise en otage. Cette population abandonnée à elle-même, assiste impuissante au défilé quotidien de la caravane de la mort qui broie sur son passage des vies humaines sans exception d’âge ou de sexe. Du nourrisson à la vielle femme sans défense, en passant par des femmes enceintes. Personne n’est exempte. La violence s’installe durablement et confortablement à Cité Soleil, dans l’indifférence totale des autorités souvent accusées d’être de connivence avec les auteurs des massacres perpétrés dans cette commune devenue zone de non droit…

Par Jacques Kolo,

Port-au-Prince, 15 Août 2020 (RHInews)- “Les autorités haïtiennes ont installé la terreur à Cité-Soleil”. Tel est le titre du dernier rapport de 32 pages du Réseau National de Défense des Droits de l’Homme (RNDDH) relatif à une situation alarmante et catastrophique sévissant à Cité-Soleil.

Ce document rendu public le 13 aout 2020 interpelle la conscience de tous et rappelle au gouvernement qu’il a la responsabilité de protéger les citoyens de Cité-Soleil.

“Assassinats, embuscades, prises d’otage, viols, incendie, raids”. Les mots ne manquent pas pour traduire la triste réalité à laquelle font face les habitants de Cité-Soleil, le plus grand bidonville du pays où vivent plus d’un million d’âmes.

Dans ce rapport d’enquête allant du 1er juin au 28 juillet 2020 avec un luxe de détails et de noms des victimes, le RNDDH se fait encore une fois le porte-parole des occupants de ce vaste bidonville qui font face à la terreur au quotidien.

Trois puissants gangs armés s’affrontent pour le contrôle de Cité-Soleil qui dispose d’un électorat assez important dans le Département de l’Ouest.

“Depuis la tentative du G-9 et Allié pour reprendre le contrôle de Cité-Soleil, les luttes hégémoniques entre les gangs de différents blocs ont été relancés avec leur cortège de douleurs et de peines”, fait remarquer le RNDDH, notant ainsi la présence de moins en moins d’agents de la police nationale sur le terrain des hostilités. Cette situation facilite l’intensification des attaques armées des membres du G-9 et Allié, fait-elle encore remarquer.

L’obstacle majeur a une prise de contrôle effective de l’ensemble des quartiers de Cité Soleil par le G-9, serait le refus de Jean Gabriel alias Ti-Gabriel, souvent assiégé par Iscard Andrice et Matias Saintil, deux membres du G-9, de faire allégeance au G-9 en famille et Allié.

Selon le RNDDH, ‘’les neuf (9) massacres et attaques armées perpétrées dans le pays un peu plus de deux (2) ans ont entrainé l’assassinat d’au moins trois cent six (306) personnes et la disparition d’au moins cinquante-cinq (55) autres. Additionnés aux pertes humaines enregistrées lors des manifestations antigouvernementales et dans le cadre de l’insécurité généralisée qui sévit dans le pays, ces actes attentatoires aux vies et biens révèlent le niveau de risque élevé encouru chaque jour par tous les citoyens du pays. Et, à ce rythme, le régime du Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK) au pouvoir tend à se hisser au rang des plus meurtriers régimes de l’histoire d’Haïti, depuis 1986, souligne l’organisme de défense des droits humains.’’

La police nationale est encore impliquée dans des raids contre la population de Cité-Soleil livrée à elle-même.

A titre d’exemple, cet organisme de défense des droits de l’homme rappelle que le 2 juillet 2020, deux blindés de la PNH ont tiré en direction des maisons et à bout portant sur des passants aux périmètres du Projet Drouillard. Cinq (5) personnes sont mortes et 10 autres blessées.

Le bilan des différentes attaques perpétrées à l’encontre de la population de Cité Soleil en juin et juillet 2020 est très lourd : cent onze (111) personnes assassinées dont douze (12) femmes et deux (2) mineurs, quarante-huit (48) personnes portées disparues dont deux (2) mineurs, vingt (20) personnes blessées par balles dont sept (7) mineurs. Dix-huit (18) femmes et filles ont été

violées parmi elles une dame de soixante-et-un (61) ans qui, sous le coup de la violence utilisée contre elle, est tombée en syncope. Au moins six (6) maisons ont été incendiées, selon un bilan non exhaustif fu RNDDH.

Jugeant révoltante la protection des gangs par les autorités étatiques, le RNDDH rappelle à celles-ci qu’il est du devoir de l’Etat de garantir le droit à la vie, à la sécurité de tous les citoyens au regard des articles 19 et 3 de la Constitution haïtienne et de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Dans ces recommandations, le RNDDH demande aux autorités d’enquêter sur les véhicules blindés gérés par la police, impliqués dans des attaques armées et de prendre des sanctions contre des policiers qui entretiennent des relations avec le G-9 et Allié.

Plus loin, il suggère l’organisation de patrouilles régulières dans tous les quartiers de Cité-Soleil et la fourniture de moyens adéquats à la PNH pour s’acquitter de sa tâche.

 

RAPPORT DU RNDDH SUR LES DERNIERES VIOLENCES A CITE SOLEIL