Assassinat Me. Dorval : La Commission d’enquête indépendante enverrait un signal fort quant à la primauté du droit et la lutte contre l’impunité, écrit Avocats Sans Frontières

Me Monferrier Dorval, Batonnier de Port-au-Prince

Par Jacques Kolo,

Port-au-Prince, le 24 octobre 2020- (RHInew)- L’étau se resserre autour du président Jovenel Moïse pour la formation d’une commission d’enquête internationale indépendante pour faire le jour sur l’assassinat spectaculaire le 28 août 2020 du bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince, Me. Monferrier Dorval, non loin de la résidence privée du chef de l’Etat.

Dans une lettre au président Jovenel Moïse en date du 16 octobre 2020, Avocats Sans Frontières (ASF) déclare appuyer la proposition formulée par différentes institutions haïtiennes dont la Fédération des Barreaux d’Haïti (FBH), l’Ordre des Avocats de Port-au-Prince et l’Office de la Protection du Citoyen (OPC) relative à la création d’une commission d’enquête internationale indépendante afin d’aider les autorités nationales chargées de l’enquête.

D’ailleurs, Avocats Sans Frontières dit rejoindre la Conférence Internationale des Barreaux (CIB) sur cette même demande qui a été transmise par correspondance au chef de l’Etat haïtien, en date du 14 septembre 2020.

“La commission d’enquête proposée pourrait être composée de ressources nationales et internationales spécialisée en matière d’enquête complexe afin de recueillir des éléments de preuve permettant d’identifier les responsables matériels et intellectuels de ce crime, ainsi que leur mobile,” explique Avocats Sans Frontières, ajoutant que le dossier de l’assassinat de Me. Monferrier Dorval était au Cœur des discussions du Conseil de Sécurité de l’ONU, le 5 octobre dernier.

De l’avis d’Avocats Sans Frontières, “tout semble indiquer que l’assassinat de Me. Dorval ne peut être assimilé à un simple acte de banditisme et qu’il s’agissait d’un crime ciblé.’’ Cette organisation internationale, relatant le contexte actuel et le dysfonctionnement de la justice en ce qui a trait à la lutte contre l’impunité, estime qu’il y a des doutes légitimes au sein de la population quant à la possibilité de rendre justice dans ce dossier.

Dans cette lettre co-signée de Me. Apollinaire Fotso, chef de Mission pour Haïti et de Me. Pascal Paradis, Directeur général, Avocats Sans Frontières déclare exprimer sa vive préoccupation concernant le climat de peur et d’intimidation qui s’est instauré dans la communauté juridique, suite à l’assassinat de Me. Monferrier Dorval.

Rappelant que des membres du Conseil d’administration de la FBH font l’objet de menaces, cette instance internationale demande à l’Etat haïtien d’œuvrer pour garantir les droits á la vie et à la sécurité des membres de la communauté juridique, des défenseurs des droits humains et des citoyens en général.

Des pièces a conviction du dossier de Me Monferrier Dorval, ont disparu mystérieusement le week-end écoulé au greffe du cabinet d’instruction sans que la serrure ni la portée dudit greffe n’ait été forcée.

Scandalisé par ce qui s’est passé, le barreau de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, a fait savoir qu’il n’est pas prêt à accepter ni la loi de l’omerta ni une parodie de procès dans le cadre de l’assassinat de l’ex-bâtonnier.

Une enquête a est ouverte sur la disparition des corps du délit. Elle est confiée à la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) qui a été mandatée par le doyen du tribunal de première instance de Port-au-Prince, Me Bernard Sainvil.