LOS ANGELES, CA, vendredi 10 juin 2022– La République dominicaine ne figure pas sur la liste des pays signataires de la « Déclaration de Los Angeles sur la migration et la protection », qui a clôturé vendredi le neuvième Sommet des Amériques qui s’est tenu du 6 au 10 juin à Los Angeles, aux États-Unis.
Vingt pays ont adopté une déclaration pour une migration « ordonnée » sous le principe de la responsabilité partagée, comme l’a demandé Joe Biden, avec laquelle ils ont clôturé un sommet déroulé sur fond de controverse.
« Aucun pays ne doit se contenter » des flux migratoires croissants, a déclaré vendredi le président américain Joe Biden, flanqué des autres signataires de la « Déclaration de Los Angeles », avec les drapeaux de leurs pays en arrière-plan.
La migration « sûre » et « légale » profite au développement économique, mais nous devons « protéger les frontières » contre les entrées irrégulières, avec « humanité », a-t-il insisté.
Le terme clé pour Biden est la responsabilité partagée, car les États-Unis ne veulent pas supporter tout le poids du flux migratoire.
Et encore moins à quelques mois des élections de mi-mandat en novembre, à un moment où la forte inflation fait chuter sa cote de popularité dans l’opinion publique.
Il semble avoir convaincu les dirigeants latino-américains, bien que la liste des signataires soit manquante, par exemple, la République dominicaine et la Bolivie.
Les États-Unis accueilleront 20 000 réfugiés d’Amérique latine en 2023 et 2024 (trois fois plus que cette année) et débourseront 314 millions de dollars d’aide aux migrants dans la région.
C’est beaucoup moins que les 100 000 Ukrainiens que les États-Unis sont sur le point de recevoir après l’invasion de leur pays par la Russie.
Tamara Taraciuk Broner, directrice par intérim pour les Amériques à l’ONG Human Rights Watch, la considère comme « positive » mais prévient que pour qu’elle ne soit pas perçue « comme une tentative de blanchiment, il est essentiel que l’administration Biden mette fin à ses politiques d’immigration abusives et que les gouvernements latino-américains assument leur responsabilité dans les abus que subissent les migrants et les demandeurs d’asile à l’intérieur de leurs frontières ».
Quelque 7 500 migrants en situation irrégulière, principalement d’Amérique centrale, mais aussi de Cuba, du Nicaragua, du Venezuela et d’Haïti, tentent quotidiennement de traverser la frontière avec les États-Unis, selon les données officielles d’avril.
Le Mexique augmentera le nombre de cartes de travailleur frontalier de 10 000 à 20 000 et lancera un nouveau programme de travail temporaire pour entre 15 000 et 20 000 personnes du Guatemala chaque année qu’il espère étendre au Honduras et au Salvador.
Le Belize, le Costa Rica et le Guatemala, et même l’Espagne en tant qu’État observateur, entre autres, collaborent également, mais ces initiatives sont loin d’atténuer les migrants fuyant la pauvreté, la violence et la corruption en masse.
Sur leur chemin du Sud vers le Nord, ils passent par le Mexique, où une caravane de milliers de migrants avance actuellement vers les États-Unis. Plusieurs d’entre eux ont déclaré à l’AFP qu’ils étaient épuisés et certains, dans un acte de protestation contre le retard dans les procédures de sauf-conduit, se sont cousu les lèvres.
La crise migratoire était le thème principal du Sommet, mais elle était presque reléguée au second plan au milieu de la controverse diplomatique entre alliés.
La liste des pays invités a allumé la mèche de la discorde, car l’administration Biden a choisi d’exclure le Nicaragua, Cuba et le Venezuela car ils ne respectent pas les normes démocratiques et des droits de l’homme.
En réponse, certains pays, défendus par le Mexique, ont décidé de le boycotter, comme la Bolivie et le Honduras.
D’autres participent à la réunion, mais en tant que porte-parole de ceux qui ne peuvent pas venir ou exprimer leurs revendications.
Le président argentin Alberto Fernández, en sa qualité de président pro tempore de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), à laquelle appartiennent les trois exclus par les États-Unis, a déclaré que « le fait d’être le pays hôte du Sommet n’accorde pas la capacité d’imposer le droit d’admission ».
Le président chilien, le gauchiste Gabriel Boric, a répété qu’il n’aimait pas les exclusions. « Ce serait différent d’argumenter dans un forum comme celui-ci, avec tous les pays présents, même ceux qui ont décidé de soustraire, le besoin urgent de libérer les prisonniers politiques du Nicaragua ou aussi l’importance morale et pratique de mettre fin une fois pour toutes au blocus injuste et inacceptable des États-Unis sur le peuple cubain. »
Le Belize considère comme « impardonnable » qu’ils ne le sont pas, des absences que le ministre mexicain des Affaires étrangères Marcelo Ebrard a qualifiées d’« erreur stratégique », au nom du président Andrés Manuel López Obrador, qui a boycotté le sommet précisément pour cette raison.
À la protestation contre les exclusions s’ajoute, selon Fernández, la nécessité de « reconstruire des institutions qui ont été conçues » pour l’intégration.
« L’OEA, si elle veut être respectée et redevenir la plate-forme politique régionale pour laquelle elle a été créée, doit être restructurée, en se passant immédiatement de ceux qui la dirigent », a-t-il déclaré.
Dans le même ordre d’idées, Ebrard a critiqué le secrétaire général de cette organisation, Luis Almagro, et a préconisé de « refonder l’ordre interaméricain » lors d’un sommet qui, a-t-il déclaré vendredi, donne des résultats « très positifs » sur la question migratoire.
Almagro a évité de faire référence à ces critiques lors de son discours.
Le sommet a servi de plate-forme pour des réunions bilatérales, comme celle de Biden avec le président brésilien Jair Bolsonaro, qui s’est dit agréablement surpris après la première rencontre entre les deux hommes.
Le leader d’extrême droite, fréquemment critiqué par les écologistes pour ses positions, a surpris vendredi en déclarant que le territoire amazonien n’était pas nécessaire « pour développer l’agro-industrie ».
Outre la déclaration sur la migration, le sommet a adopté des projets d’engagement politique sur la gouvernance démocratique, la santé et la résilience, le changement climatique et la durabilité environnementale, la transition vers une énergie propre et la transformation numérique.