WASHINGTON, mercredi 29 janvier 2025– Le président Donald Trump a signé mercredi un mémorandum ordonnant au gouvernement fédéral de préparer la base navale américaine de Guantánamo Bay, à Cuba, pour détenir des dizaines de milliers de migrants. Ce mémorandum demande aux départements de la Défense et de la Sécurité intérieure d’ajouter de nouveaux espaces de détention à Guantánamo pour accueillir des « criminels étrangers prioritaires présents illégalement aux États-Unis ».
« La plupart des gens ne le savent même pas. Nous avons 30 000 lits à Guantánamo pour détenir les pires criminels clandestins menaçant le peuple américain. Cela va immédiatement doubler notre capacité », a déclaré Trump depuis la Maison-Blanche.
Cette annonce a eu lieu peu avant la signature du Laken Riley Act, une loi adoptée avec le soutien de certains démocrates et qui impose la détention obligatoire des migrants en situation irrégulière accusés de certaines infractions. Ce texte marque une victoire législative majeure pour Trump depuis son retour à la présidence.
« Les signatures d’aujourd’hui nous rapprochent de l’éradication définitive du fléau de la criminalité migrante dans nos communautés », a affirmé le président.
D’après les conseillers en immigration de Trump, la gestion du centre de détention pour migrants à Guantánamo sera placée sous l’autorité de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE).
Tom Homan, responsable des questions frontalières au sein de l’administration Trump, a déclaré que la base serait une extension des centres de détention existants. « Nous allons simplement agrandir les centres pour migrants déjà en place », a-t-il expliqué, ajoutant que cette nouvelle structure serait administrée depuis le bureau de l’ICE à Miami.
Kristi Noem, secrétaire à la Sécurité intérieure, a quant à elle laissé entendre que Guantánamo pourrait être réservé aux cas les plus graves. « Il pourrait y avoir des ressources spécifiques pour les pires des pires à Guantánamo Bay. C’est une option que le président et notre équipe du DHS sont en train d’évaluer », a-t-elle déclaré sur CNN.
Bien que Guantánamo soit surtout connue pour son centre de détention des suspects de terrorisme, la base navale dispose aussi d’un centre distinct de traitement des migrants. L’administration Biden avait envisagé de l’utiliser pour traiter les demandes d’asile de migrants haïtiens fuyant la crise dans leur pays. De même, en 2010, après le séisme dévastateur en Haïti, l’armée américaine avait préparé le site pour accueillir temporairement des réfugiés.
Cependant, un haut responsable américain a confié à CNN que les infrastructures de Guantánamo ne sont pas en état d’accueillir jusqu’à 30 000 migrants.
« Il n’y a absolument plus 30 000 lits », a-t-il précisé, expliquant que cette capacité existait dans les années 1990 mais plus aujourd’hui. Il a également souligné que pour gérer un tel afflux, l’armée américaine devrait déployer un personnel supplémentaire conséquent.
« Si un grand nombre de migrants étaient envoyés à Guantánamo, il faudrait énormément de personnel pour les encadrer. Ce n’est pas faisable avec les ressources actuelles », a-t-il ajouté.
L’annonce de Donald Trump a été vivement critiquée par le gouvernement cubain.
« Dans un acte de brutalité, le nouveau gouvernement américain annonce l’incarcération à la base navale de Guantánamo, située sur un territoire occupé illégalement à Cuba, de milliers de migrants qu’il expulse de force, les plaçant à côté des célèbres prisons de torture et de détention illégale », a écrit le président cubain Miguel Díaz-Canel sur X.