Tensions commerciales entre les États-Unis et le Mexique : Claudia Sheinbaum riposte aux droits de douane imposés par Donald Trump…

Claudia Sheinbaum, Presidente elue du Mexique...

MEXICO, dimanche 2 février 2025Le Mexique a réagi avec fermeté à la décision du président américain Donald Trump d’imposer des droits de douane de 25 % sur ses importations. Cette mesure, qui touche de plein fouet les secteurs stratégiques de l’économie mexicaine, menace la croissance du pays et fragilise sa monnaie. En réponse, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a promis des représailles commerciales et dénoncé une attaque directe contre l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), en vigueur depuis 2020.

Le Mexique, qui envoie 83 % de ses exportations aux États-Unis, est particulièrement vulnérable à ces nouvelles barrières douanières. L’industrie automobile, l’électronique et l’agriculture sont parmi les secteurs les plus exposés, risquant de subir des pertes considérables. En 2023, les exportations de véhicules mexicains vers les États-Unis ont atteint 36 milliards de dollars, et le secteur représente 5 % du PIB du pays, employant plus d’un million de personnes.

La taxation à 25 % des produits mexicains compromet la compétitivité des entreprises du pays, tout en pesant sur la balance commerciale. Selon l’agence de notation Standard & Poor’s, cette décision risque d’entraîner une récession économique au Mexique, dont la croissance s’élevait déjà à seulement 1,3 % en 2024, avec un ralentissement observé au dernier trimestre.

Le syndicat patronal mexicain Coparmex a tiré la sonnette d’alarme, avertissant que cette mesure pourrait provoquer une « chute brutale de la production industrielle », accompagnée d’une montée du chômage et d’une détérioration du climat des affaires. En outre, l’affaiblissement du peso face au dollar pourrait aggraver l’inflation intérieure, en augmentant le coût des biens importés et des matières premières.

Officiellement, Donald Trump justifie ces nouvelles barrières douanières par le manque d’efforts du Mexique dans la lutte contre l’immigration clandestine et le trafic de drogue. Il a même accusé le gouvernement mexicain d’être en « alliance » avec les cartels, une affirmation qualifiée de « calomnie » par Claudia Sheinbaum.

Face à cette escalade, la présidente mexicaine a proposé à son homologue américain la création d’un groupe de travail bilatéral réunissant « les meilleures équipes de sécurité et de santé publique » pour traiter les questions de narcotrafic et de migration. Toutefois, Washington n’a pas encore réagi à cette offre de coopération.

Certains analystes estiment que cette pression tarifaire est avant tout une manœuvre politique de Donald Trump pour obtenir du Mexique un durcissement de sa politique migratoire. Kenneth Smith, ancien négociateur de l’ACEUM, rappelle que l’ex-président mexicain Andrés Manuel López Obrador avait cédé à des menaces similaires en 2019, en acceptant de déployer des milliers de soldats à la frontière pour limiter les flux migratoires vers les États-Unis.

Si l’objectif de Donald Trump est de protéger l’industrie américaine, cette stratégie pourrait paradoxalement pénaliser les consommateurs aux États-Unis. En imposant des taxes sur les importations mexicaines, l’administration Trump risque d’entraîner une hausse généralisée des prix sur plusieurs produits du quotidien.

Selon Gregory Daco, chef économiste chez EY, ces barrières douanières pourraient provoquer une augmentation de l’inflation de 0,6 % dès le premier trimestre 2025, rendant les biens manufacturés, les pièces détachées et certains produits alimentaires plus coûteux pour les Américains.

Le secteur automobile est particulièrement concerné. Une voiture assemblée aux États-Unis contient en moyenne 25 % de composants mexicains, selon l’Agence fédérale américaine de gestion des routes (NHTSA). L’augmentation des coûts de production risque donc de se répercuter directement sur le prix des véhicules neufs.

Le Mexique n’est pas le seul pays touché par ces nouvelles mesures. Le Canada, également visé par les hausses tarifaires de l’administration Trump, a lui aussi dénoncé une violation flagrante de l’ACEUM. Samedi, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum s’est entretenue avec le premier ministre canadien Justin Trudeau afin de coordonner une éventuelle réponse commune face à Washington.

Si le Canada a déjà annoncé certaines contre-mesures, le Mexique reste plus prudent dans sa riposte. Marcelo Ebrard, secrétaire à l’Économie, a affirmé que son pays privilégierait la diplomatie, mais a averti que des sanctions économiques de grande envergure pourraient être mises en place si Washington persistait dans cette voie.

En attendant, les marchés financiers observent avec inquiétude cette escalade. Toute détérioration supplémentaire des relations commerciales entre le Mexique et les États-Unis pourrait avoir des conséquences imprévisibles, non seulement pour les économies des deux pays, mais aussi pour l’ensemble de la région nord-américaine.