MIAMI, samedi 22 mars 2025-
Un climat d’incertitude s’installe parmi certains résidents permanents aux États-Unis. De plus en plus de détenteurs de carte verte expriment des craintes face aux politiques migratoires de l’administration Trump.
Récemment, plusieurs immigrants en situation régulière ont commencé à remettre en question leur sécurité juridique aux États-Unis. Une entrepreneuse du Colorado a contacté son avocat avant de partir à l’étranger, craignant de ne pas pouvoir rentrer. Une femme originaire du Cameroun a renoncé à assister aux funérailles de son père par peur de ne pas pouvoir revenir aux États-Unis. Un artiste tatoueur canadien vivant dans l’État de Washington a exprimé son angoisse sur les réseaux sociaux quant à son prochain voyage transfrontalier.
Ces personnes ont un point commun : elles possèdent une carte verte, qui leur accorde le statut de résident permanent. Pourtant, malgré cette protection, elles craignent d’être expulsées en raison des récents discours et actions du gouvernement américain.
L’arrestation de Mahmoud Khalil, un résident permanent et ancien leader étudiant à l’université Columbia, a intensifié ces préoccupations. Bien qu’aucune charge criminelle n’ait été retenue contre lui, l’administration Trump l’accuse d’incitation à la violence et de soutien au terrorisme – des allégations qu’il conteste.
Cet événement a rappelé à certains immigrants la précarité de leur statut. “Cela met en lumière la vulnérabilité de tous les non-citoyens aux États-Unis”, explique David Leopold, avocat spécialisé en immigration.
Les récentes déclarations du vice-président JD Vance ont ajouté à cette incertitude. Lors d’une interview télévisée, il a affirmé que les titulaires de carte verte ne disposent pas d’un droit permanent à rester aux États-Unis. Pour lui, l’administration a toute latitude pour décider qui peut faire partie de la “communauté nationale”.
Ces propos ont suscité des interrogations chez les résidents permanents. LaToya McBean Pompy, avocate en immigration, estime que ce genre de discours contribue à l’anxiété ambiante. “Les règles concernant les droits des détenteurs de carte verte sont strictes, et il est crucial de respecter la procédure légale”, souligne-t-elle.
Pour certains résidents permanents, même un simple voyage peut devenir source d’angoisse. Marina Sinden, une Canadienne vivant aux États-Unis, s’inquiète à l’idée de ne pas pouvoir rentrer après une visite à sa famille. Bien qu’elle possède une carte verte valide et n’ait aucun casier judiciaire, elle redoute une erreur administrative qui pourrait compromettre son retour.
“J’ai construit ma vie ici, ma famille est ici, et pourtant, j’ai peur de perdre tout cela en raison d’un malentendu”, confie-t-elle.
Face à ces incertitudes, les avocats en immigration recommandent la prudence. Ils rappellent que les titulaires de carte verte doivent éviter de s’absenter des États-Unis pendant plus de six mois, sous peine de voir leur résidence permanente remise en question. Ceux qui ont un casier judiciaire sont particulièrement vulnérables et doivent impérativement consulter un avocat avant d’envisager un voyage.
Face aux incertitudes, de nombreux détenteurs de carte verte envisagent désormais de demander la citoyenneté américaine pour sécuriser leur statut. “Nous voyons une augmentation des demandes de naturalisation”, confirme Charles Kuck, un autre avocat spécialisé en immigration.
Cependant, certains hésitent encore. Marina Sinden, par exemple, repousse sa décision. “Je ne me sens plus aussi la bienvenue qu’avant”, avoue-t-elle.
Dans un climat de tensions croissantes, la peur de l’expulsion hante de plus en plus de résidents permanents. Pour beaucoup, l’avenir reste incertain.
Cet article est une version simplifiée de l’article original de Catherine E. Shoichet
, publié initialement en Anglais sur: https://amp.cnn.com/cnn/2025/03/22/us/green-card-visa-holders-deportation-fears-cec