BERLIN, (Allemagne), dimanche 23 février 2025- L’opposition conservatrice menée par Friedrich Merz a remporté une victoire mitigée lors des élections nationales en Allemagne, tandis que le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) a presque doublé son score, atteignant son meilleur résultat depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, selon les projections.
Le chancelier Olaf Scholz a reconnu la défaite de son Parti social-démocrate (SPD), qualifiant le résultat d’« amer ». Les projections des chaînes publiques ARD et ZDF indiquent que le SPD termine à la troisième place avec son pire score historique dans une élection nationale d’après-guerre.
Merz a annoncé son intention de former rapidement un gouvernement de coalition, bien que la tâche s’annonce complexe.
Ces élections anticipées, organisées sept mois plus tôt que prévu après l’effondrement de la coalition de Scholz en novembre, ont reflété le mécontentement général et le manque d’enthousiasme des électeurs. Les débats ont été dominés par les inquiétudes liées à la stagnation économique de la première puissance européenne et aux tensions autour de la politique migratoire, alors que Merz avait durci son discours à ce sujet dans les dernières semaines de campagne. Ces élections se sont également déroulées dans un climat d’incertitude quant à l’avenir de l’Ukraine et des relations européennes avec les États-Unis.
L’Allemagne, pays le plus peuplé de l’Union européenne et membre clé de l’OTAN, joue un rôle central dans l’approvisionnement en armes de l’Ukraine, étant le deuxième plus grand fournisseur après les États-Unis. Son positionnement sera crucial pour les choix stratégiques des prochaines années, notamment face à la politique étrangère et commerciale plus agressive attendue sous une nouvelle administration Trump.
Les premières projections, basées sur les sondages à la sortie des urnes et les premiers dépouillements, placent le bloc conservateur de Merz à environ 28,5 % des voix, tandis que l’AfD atteint environ 20,5 %, doublant ainsi son score de 2021. Le SPD de Scholz chute à un peu plus de 16 %, en dessous de son précédent plus bas de 20,5 % en 2017. Les Verts, partenaires de Scholz dans le gouvernement sortant, obtiennent un peu plus de 12 %.
Parmi les partis plus modestes, la gauche radicale Die Linke réalise un retour remarquable avec environ 9 % des voix. Le Parti libéral-démocrate (FDP), dernier membre de la coalition sortante, et la nouvelle formation Alliance Sahra Wagenknecht, naviguent autour du seuil des 5 % nécessaire pour obtenir des sièges au Parlement.
Merz pourrait devoir former une coalition avec le SPD ou chercher un deuxième partenaire selon la composition finale du Bundestag. Il a affirmé vouloir « rétablir rapidement un gouvernement viable » et être conscient de l’ampleur de la tâche qui l’attend. « Le monde ne nous attend pas, et il n’attendra pas de longues négociations de coalition », a-t-il déclaré à ses partisans.
Robert Habeck, candidat des Verts à la chancellerie et vice-chancelier sortant, a averti Merz qu’il devait désormais adopter un ton plus modéré après une campagne âprement disputée. Il a souligné que « le centre politique s’est affaibli » et que chaque parti devait se remettre en question.
Du côté de l’AfD, le co-leader Tino Chrupalla s’est félicité du « résultat historique » du parti, affirmant qu’il représentait désormais « le centre politique » en Allemagne. Alice Weidel, candidate à la chancellerie pour l’AfD, a déclaré que son parti était « ouvert aux négociations de coalition » avec les conservateurs de Merz, tout en estimant que « sans l’AfD, aucun changement de politique n’est possible ».
Merz et les autres partis traditionnels ont catégoriquement exclu toute collaboration avec l’AfD. Il a insisté sur les divergences fondamentales entre son parti et l’extrême droite, notamment en matière de politique étrangère, de sécurité, d’Europe et de l’euro. « Vous voulez l’exact opposé de ce que nous voulons. Il n’y aura donc aucune coopération », a-t-il réaffirmé.
Scholz a dénoncé la montée de l’AfD, assurant qu’il ne l’accepterait « jamais ».
Près de 59 millions d’électeurs sur les 84 millions d’habitants du pays étaient appelés à choisir les 630 membres du Bundestag, qui siègeront sous la coupole du Reichstag à Berlin.