Le chef humanitaire de l’ONU, Martin Griffiths, a alloué jeudi 100 millions de dollars du Fonds central d’intervention d’urgence (CERF) à des projets d’assistance dans six pays africains et au Yémen, alors que les effets de contagion du conflit ukrainien risquent de conduire des millions de personnes au bord de la famine.
New-York, jeudi 14 avril 2022– L’argent permettra aux agences des Nations Unies et à leurs partenaires de fournir une aide alimentaire, monétaire et nutritionnelle essentielle ainsi que d’autres formes d’assistance, notamment des services médicaux, des abris et de l’eau potable. Les projets seront également adaptés pour aider les femmes et les filles à traverser une crise qui les expose à des risques supplémentaires.
Le nouveau financement soutiendra les opérations humanitaires, avec 30 millions de dollars pour la Corne de l’Afrique répartis entre la Somalie (14 millions de dollars), l’Éthiopie (12 millions de dollars) et le Kenya (4 millions de dollars). Les allocations restantes sont les suivantes : Yémen (20 millions de dollars), Soudan (20 millions de dollars), Soudan du Sud (15 millions de dollars) et Nigéria (15 millions de dollars).
Les conflits armés, la sécheresse et les turbulences économiques sont les principaux moteurs de l’insécurité alimentaire dans les sept pays bénéficiaires. Mais le conflit en Ukraine aggrave encore une situation désastreuse, perturbant les marchés de l’alimentation et de l’énergie et faisant grimper le coût des importations hors de portée des consommateurs. En mars, l’indice mondial des prix alimentaires de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a atteint son plus haut niveau depuis 1990.
L’insécurité alimentaire est mesurée sur une échelle en cinq points appelée classification de phase intégrée (IPC). La phase 5 est une situation dans laquelle « la famine, la mort, la misère et des niveaux de malnutrition aiguë extrêmement critiques sont évidents ». Une famine totale est déclarée lorsque les taux de faim et de mortalité dépassent certains seuils.
Au Yémen, 161.000 personnes devraient faire face au niveau catastrophique de la phase 5 d’ici le milieu de l’année ; au Soudan du Sud, 55.000 personnes pourraient déjà en faire l’expérience. En Somalie, 81.000 personnes pourraient également faire face à la même situation si les pluies manquent, si les prix continuent d’augmenter et si l’aide n’est pas renforcée. Des millions de personnes supplémentaires dans ces pays ne sont pas loin derrière, vivant au seuil de la catastrophe.
Au Soudan, au Nigéria et au Kenya, environ 4,5 millions de personnes sont déjà ou seront bientôt confrontées à des niveaux d’urgence de la faim (Phase 4 de l’IPC). En Éthiopie, en Somalie et au Kenya, l’allocation renforcera la réponse vitale à la pire sécheresse de l’histoire récente.
« Des centaines de milliers d’enfants vont dormir affamés chaque nuit alors que leurs parents s’inquiètent de savoir comment les nourrir. Une guerre à l’autre bout du monde rend leurs perspectives encore pires. Cette allocation sauvera des vies », a déclaré le Coordonnateur des secours d’urgence, Martin Griffiths.
Au cours des six derniers mois, le CERF a alloué plus de 170 millions de dollars pour lutter contre l’insécurité alimentaire croissante dans ces sept pays et dans d’autres, y compris ce nouveau financement. Les allocations précédentes du CERF pour la réponse à la sécheresse ont été accordées à la Somalie, au Kenya, au sud de l’Éthiopie, à l’Angola, à Madagascar, au Mali et au Niger.