L’Europe envisage de déployer jusqu’à 25 000 soldats pour une mission de maintien de la paix en Ukraine, tandis que Washington et Moscou négocient sans les Européens…

Ukrainian soldiers ride on an armored vehicle in Novostepanivka, Kharkiv region, on September 19, 2022. (Photo by Yasuyoshi CHIBA / AFP)

KIEV, lundi 17 février 2025 – Une coalition de pays européens travaille discrètement à un plan de déploiement de troupes en Ukraine afin d’assurer des garanties de sécurité après la conclusion d’un éventuel accord de paix avec la Russie. La France et le Royaume-Uni figurent parmi les principaux contributeurs à cette initiative. Les détails de l’opération sont volontairement tenus secrets afin de ne pas offrir d’avantage stratégique au président russe Vladimir Poutine. La composition, le rôle et les effectifs de cette force de maintien de la paix dépendront directement des termes de l’accord conclu.

Toutefois, selon les estimations des responsables européens, le continent ne pourrait fournir qu’un maximum de 25 000 soldats pour cette mission en Ukraine. Ce chiffre est bien inférieur aux besoins opérationnels, estimés à au moins 120 000 militaires pour assurer l’efficacité de l’intervention. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky estime, pour sa part, qu’un déploiement de 200 000 soldats serait nécessaire pour prévenir toute nouvelle invasion russe.

Le mandat de cette force de maintien de la paix est également sujet à débat. L’Union européenne considère que la mission risquerait d’être inefficace si les troupes ne disposaient pas de l’autorisation d’utiliser des armes lourdes lorsque la situation l’exigerait.

La Hongrie conteste la position européenne

Alors que les dirigeants européens se réunissent ce 17 février à Paris pour coordonner leur réponse face à l’évolution de la politique américaine, la Hongrie de Viktor Orban se démarque en exprimant une opposition croissante à cette initiative. Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, s’exprimant en marge d’une conférence de presse au Kazakhstan, a sévèrement critiqué l’approche européenne et a salué la décision de Donald Trump d’engager des négociations directes avec Vladimir Poutine.

« Nous sommes persuadés que les efforts de Donald Trump vont porter leurs fruits. Le dialogue entre Américains et Russes peut ramener la paix en Ukraine », a déclaré Péter Szijjártó.

Il a ensuite accusé les dirigeants européens de chercher à entraver un retour à la paix : « Aujourd’hui, à Paris, des dirigeants européens frustrés, pro-guerre et anti-Trump se réunissent pour empêcher un accord de paix en Ukraine. » Cette position s’inscrit dans la ligne politique suivie depuis plusieurs années par Viktor Orban, qui maintient des relations étroites avec Moscou. Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche semble renforcer cette orientation.

Moscou et Washington négocient en l’absence des Européens et de l’Ukraine

Parallèlement, une rencontre de haut niveau entre responsables américains et russes est prévue ce mardi en Arabie saoudite. Le Kremlin a confirmé que les discussions porteront « entre autres » sur l’Ukraine, ce qui signifie que la plus grande guerre en Europe depuis 1945 sera débattue sans la présence de l’Ukraine ni des Européens.

Cette réunion, qui aura lieu à Riyad, a été organisée à l’initiative de Donald Trump. Selon le porte-parole du Kremlin, la localisation de la rencontre a été décidée parce que « Trump l’a mentionnée » et qu’elle « convient à l’Amérique et à la Russie ». La mise en scène de ce tête-à-tête vise non seulement à rehausser l’image des deux dirigeants, mais aussi à signifier aux Européens qu’ils ne jouent aucun rôle clé dans ces négociations.

La diplomatie russe a insisté sur le fait que le soutien européen à l’Ukraine les disqualifie pour un siège aux discussions de paix. Le ministre russe des Affaires étrangères, accompagné du sherpa présidentiel pour les affaires internationales, dirigera la délégation russe. Des sources à Moscou évoquent aussi la possible participation de Sergueï Narychkine, chef du SVR, les services de renseignement extérieurs russes, preuve du sérieux accordé à ces discussions.

Parmi les sujets abordés figureront le rétablissement des canaux diplomatiques officiels entre Moscou et Washington, avec notamment la fin des expulsions croisées de diplomates et la possible réouverture de consulats, comme le russe à San Francisco et l’américain à Saint-Pétersbourg. Une rencontre au sommet entre Vladimir Poutine et Donald Trump, prévue en mars, pourrait également être préparée lors de cette réunion.

Moscou affirme que les négociations sur l’Ukraine sont à un stade avancé. Le porte-parole du Kremlin a laissé entendre que la Russie pourrait obtenir un allègement des sanctions occidentales, suggérant même un éventuel retour des marques occidentales sur le marché russe. En revanche, aucun compromis que la Russie pourrait consentir en contrepartie n’a été évoqué à ce stade.