L’administration Trump suspend les demandes d’immigration de certains migrants accueillis sous Biden…

WASHINGTON, mercredi 19 février 2025L’administration Trump a imposé une suspension des demandes d’immigration déposées par des migrants originaires d’Amérique latine et d’Ukraine, admis aux États-Unis dans le cadre de certains programmes instaurés sous l’ère Biden. Cette décision, motivée par des préoccupations liées à la fraude et à la sécurité nationale, a été confirmée par deux responsables américains ainsi qu’un mémo interne obtenu par CBS News.

Cette interruption, d’une durée indéterminée, vise à permettre aux autorités d’identifier d’éventuels cas de fraude et de renforcer les procédures de contrôle. La directive précise que la suspension restera en vigueur jusqu’à ce qu’un examen approfondi des dossiers soit achevé.

Cette mesure, qui n’avait pas encore été signalée publiquement, affecte de nombreux migrants en attente d’une régularisation de leur statut, voire d’une résidence permanente aux États-Unis. Bien que le nombre exact de personnes concernées ne soit pas précisé, la suspension s’applique à plusieurs programmes de l’administration Biden qui avaient permis à des centaines de milliers d’étrangers d’entrer légalement aux États-Unis sous le régime du “parole”, une disposition légale facilitant l’admission rapide de certains migrants pour des raisons humanitaires ou d’intérêt public.

L’administration Biden avait fait un usage sans précédent du “parole”, notamment pour décourager l’immigration clandestine à la frontière sud en proposant des alternatives légales. Cependant, l’administration Trump a rapidement mis un terme à ces initiatives, estimant qu’elles détournaient abusivement le cadre légal du “parole”.

Bien que l’administration Trump ait déjà stoppé les nouvelles admissions sous ces programmes, un mémo daté du 14 février et signé par Andrew Davidson, haut responsable des services de citoyenneté et d’immigration des États-Unis (USCIS), a ordonné une “pause administrative” générale sur toutes les demandes en cours déposées par des migrants admis sous trois programmes spécifiques de l’ère Biden.

Ces programmes incluent “Uniting for Ukraine”, qui a offert un refuge aux Ukrainiens fuyant l’invasion russe. Environ 240 000 Ukrainiens parrainés par des Américains étaient arrivés aux États-Unis grâce à ce dispositif avant l’entrée en fonction de Donald Trump. Un autre programme, connu sous l’acronyme CHNV, a permis à environ 530 000 Cubains, Haïtiens, Nicaraguayens et Vénézuéliens, également parrainés par des citoyens américains, d’entrer légalement sur le territoire. Le troisième programme concerné permettait à certains Colombiens, Équatoriens, Centraméricains, Haïtiens et Cubains ayant des proches américains de venir aux États-Unis en attendant l’attribution d’une carte verte familiale.

Les bénéficiaires de ces programmes ne disposaient que d’un permis de travail temporaire et d’une protection contre l’expulsion généralement valable deux ans. Beaucoup d’entre eux avaient donc déposé des demandes pour d’autres statuts migratoires, selon des avocats et des experts.

Parmi les options envisagées figuraient le Statut de protection temporaire (TPS) pour les ressortissants de pays en crise comme Haïti, l’Ukraine et le Venezuela, l’asile politique pour ceux fuyant les persécutions, ainsi que la demande de carte verte pour une résidence permanente aux États-Unis. En vertu d’une loi datant de la Guerre froide, les Cubains admis sous le “parole” pouvaient également prétendre à une carte verte.

Cependant, en vertu de la directive interne de l’USCIS, les agents de l’immigration ne pourront plus traiter aucune de ces demandes si elles émanent de migrants entrés aux États-Unis via les programmes ciblés de l’ère Biden.

“Cette décision bloque effectivement leur possibilité d’obtenir un autre statut légal”, a déclaré Lynden Melded, ancien conseiller juridique en chef de l’USCIS sous l’administration de George W. Bush et désormais avocat chez Berry Appleman & Leiden LLP. “En attendant, ils restent exposés à une expulsion du pays si leur statut de parole est révoqué par le gouvernement.”

Le mémo de l’USCIS justifie cette suspension en affirmant que “les informations sur la fraude, ainsi que les préoccupations relatives à la sécurité publique et nationale, ne sont actuellement pas correctement prises en compte dans les systèmes d’adjudication de l’USCIS”. Il fait notamment référence à une suspension temporaire du programme CHNV l’année dernière par l’administration Biden, déjà en raison de soupçons de fraude.

Davidson cite des enquêtes ayant révélé des milliers de demandes CHNV suspectes, impliquant des parrains multiples (“serial sponsors”), des informations relatives à des personnes décédées ou encore des adresses identiques. Il affirme que plusieurs de ces cas ont été confirmés comme frauduleux et que certains migrants admis sous CHNV “n’avaient pas été entièrement contrôlés”.

La suspension pourrait être levée à terme, mais uniquement après une “évaluation approfondie de la population étrangère admise aux États-Unis sous ces programmes de parole”, précise Davidson dans son mémo.

Le département de la Sécurité intérieure (DHS) n’a pas répondu aux demandes de commentaire formulées par CBS News.

L’administration Trump a par ailleurs adopté d’autres mesures visant les bénéficiaires de ces programmes migratoires. Le mois dernier, elle a autorisé les agents de l’immigration fédérale à procéder à l’expulsion de certains migrants admis sous le programme CHNV et d’autres politiques de “parole” de l’ère Biden, y compris via des procédures accélérées dans certains cas. Elle a également élaboré des plans pour révoquer le statut de “parole” de nombreux migrants arrivés sous CHNV.