L’administration Trump impose l’enregistrement obligatoire des immigrés en situation irrégulière aux États-Unis…

Policiers ICE...

WASHINGTON, samedi 1 et mars 2025- Les autorités de l’immigration ont annoncé que toute personne vivant illégalement aux États-Unis devra bientôt s’enregistrer auprès du gouvernement fédéral. Ceux qui ne se conformeront pas à cette obligation s’exposent à des amendes, des peines de prison, ou les deux.

Selon un communiqué publié mardi par U.S. Citizenship and Immigration Services(USCIS), une branche du Département de la Sécurité intérieure (DHS), cette mesure concernera toutes les personnes âgées de 14 ans et plus qui ne disposent pas d’un statut légal. L’enregistrement nécessitera la fourniture d’empreintes digitales ainsi que d’une adresse de résidence. Les parents ou tuteurs de mineurs de moins de 14 ans devront s’assurer que ces derniers sont également enregistrés.

Cette nouvelle exigence s’inscrit dans une série d’actions entreprises par l’administration Trump pour durcir la politique d’immigration et tenir ses promesses de campagne visant à expulser des millions d’immigrés en situation irrégulière.

Historiquement, la législation fédérale impose déjà aux personnes vivant illégalement aux États-Unis de se faire enregistrer. Cette obligation remonte au Alien Registration Act de 1940, adopté dans un climat de méfiance à l’égard des étrangers et des dissidents politiques à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Les exigences actuelles trouvent leur origine dans l’Immigration and Nationality Act de 1952.

Un précédent similaire a été instauré après les attentats du 11 septembre 2001 avec le National Security Entry-Exit Registration System (NSEERS). Ce programme obligeait tous les hommes non citoyens âgés de 16 ans ou plus, originaires de 25 pays (presque tous à majorité arabe ou musulmane), à s’enregistrer auprès du gouvernement américain. Il n’a conduit à aucune condamnation pour terrorisme, mais a entraîné l’ouverture de procédures d’expulsion contre plus de 13 000 personnes avant d’être suspendu en 2011 et définitivement aboli en 2016. Toutefois, selon les spécialistes, l’exigence d’enregistrement des immigrés en situation irrégulière a rarement été appliquée au fil des décennies.

Désormais, l’administration Trump veut changer cette approche. Tricia McLaughlin, porte-parole du Département de la Sécurité intérieure, a déclaré que le gouvernement « fera appliquer toutes les lois sur l’immigration » et qu’il est essentiel de savoir « qui est présent sur notre territoire pour garantir la sécurité nationale et celle de tous les Américains ».

Le communiqué du DHS précise que l’objectif principal de cette annonce est de relancer l’application de la loi et de préciser les modalités d’enregistrement. Les autorités fédérales devraient bientôt publier un formulaire et une procédure officielle permettant aux personnes concernées de remplir leur obligation.

Le site web de U.S. Citizenship and Immigration Services (USCIS) invite d’ores et déjà les immigrés en situation irrégulière à créer un compte en ligne, en attendant la mise à disposition d’informations supplémentaires sur la procédure à suivre. « Aucun étranger ne pourra prétendre ignorer cette loi », affirme le communiqué.

L’administration prévoit également de délivrer une carte d’identité aux personnes enregistrées. Tout individu de plus de 18 ans devra « porter cette carte sur lui en permanence ».

Si cette annonce marque avant tout une offensive politique de l’administration Trump sur l’un de ses thèmes clés, elle envoie également un message clair aux immigrés concernés. Tricia McLaughlin a ajouté : « Si vous partez maintenant, vous aurez peut-être l’opportunité de revenir un jour pour jouir de notre liberté et vivre le rêve américain. »

Les effets concrets de ce programme restent incertains, mais les experts en droit de l’immigration estiment que peu d’immigrés en situation irrégulière accepteront volontairement de s’enregistrer, sachant que cela les exposerait à une expulsion plus rapide.

Stephen Yale-Loehr, professeur de droit de l’immigration et ancien enseignant à Cornell Law School, souligne que même si la mesure ne conduit pas directement à plus d’expulsions, elle permet à l’administration Trump de renforcer son discours en affirmant qu’elle « sévit contre l’immigration illégale ». Il ajoute que cette annonce risque surtout d’amplifier le climat de peur au sein des communautés immigrées.

Les défenseurs des droits des immigrés dénoncent cette mesure, la comparant à d’autres épisodes sombres de l’histoire des États-Unis. Heidi Altman, vice-présidente des politiques du National Immigration Law Center, estime qu’elle « rappelle des périodes honteuses où le gouvernement a institutionnalisé des discriminations contre les immigrés et les personnes de couleur ».

L’administration Trump semble toutefois déterminée à aller de l’avant avec ce projet, renforçant ainsi une politique migratoire déjà marquée par des expulsions accrues et des restrictions sévères sur l’octroi de visas et de statuts de protection.