La suspension de l’aide américaine met en péril des millions de vies, alerte l’ONU…

Pio Smith, responsable de l’UNFPA...

NEW-YORK, mercredi 5 février 2025- Les Nations Unies ont lancé un avertissement mardi concernant les conséquences dramatiques du gel de l’aide humanitaire américaine, décidé par la nouvelle administration à Washington. Plusieurs agences onusiennes ont exhorté les États-Unis à maintenir leur rôle de leader en matière de développement, soulignant que cette décision menace des millions de vies dans les régions les plus vulnérables du monde.

L’annonce de l’administration américaine, faite le 24 janvier, suspend presque tous les programmes d’aide à l’étranger pour une durée de 90 jours, affectant plusieurs milliards de dollars de financement. Selon Pio Smith, responsable de l’UNFPA pour la région Asie-Pacifique, cette décision a contraint l’agence à interrompre des services vitaux financés par les États-Unis, mettant en péril les femmes et les jeunes filles en situation de crise, notamment en Asie du Sud. Il a précisé qu’en Afghanistan, l’absence de ce soutien entraînera probablement 1.200 décès maternels et 109.000 grossesses non désirées supplémentaires d’ici 2028.

M. Smith a également indiqué que l’UNFPA cherchait à obtenir des clarifications sur les raisons qui ont conduit au gel des financements, en particulier ceux qui devraient bénéficier d’une exemption humanitaire. Il a souligné que plusieurs autres agences onusiennes avaient reçu des notifications similaires des autorités américaines, exacerbant l’incertitude quant à l’avenir de nombreux programmes humanitaires.

Jens Laerke, porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), a précisé qu’aucune mesure de licenciement ou de fermeture d’accès n’avait encore été prise, mais que les bureaux nationaux de l’agence restaient en contact étroit avec les ambassades américaines pour évaluer la situation. Il a rappelé que les États-Unis avaient financé 47 % de l’appel humanitaire mondial en 2024, mettant en évidence l’ampleur des conséquences de cette suspension.

Ces développements interviennent alors que la nouvelle administration a placé l’USAID sous l’autorité du Secrétaire d’État, tandis que le personnel de l’agence se voit refuser l’accès à ses bureaux pour la deuxième journée consécutive.

Alessandra Vellucci, cheffe du service d’information de l’ONU à Genève, a insisté sur l’importance d’une relation de confiance avec Washington, précisant que l’ONU restait disposée à poursuivre son travail en collaboration avec l’administration américaine et à prendre en compte toute critique constructive.

L’UNFPA a mis en lumière l’impact immédiat de cette décision sur les populations vulnérables. En Afghanistan, où plus de neuf millions de personnes risquent de perdre l’accès aux services de santé et de protection, près de 600 équipes de santé mobiles, maisons de santé familiale et centres de conseil pourraient être contraints d’arrêter leurs activités.

« Toutes les deux heures, une mère meurt de complications de grossesse évitables en Afghanistan. Sans le soutien du FNUAP, d’autres vies seront perdues alors même que les droits des femmes et des jeunes filles sont déjà menacés », a déclaré Pio Smith.

La situation est tout aussi préoccupante au Pakistan, où 1,7 million de personnes, dont 1,2 million de réfugiés afghans, seront privées de services de santé sexuelle et reproductive en raison de la fermeture de plus de 60 établissements de santé.

Au Bangladesh, la suspension des financements américains pourrait priver 600.000 personnes, notamment des réfugiés rohingyas, de services médicaux essentiels. Dans les camps de Cox’s Bazar, où plus d’un million de Rohingyas survivent dans des conditions précaires, près de la moitié des accouchements se déroulent actuellement dans des structures médicales soutenues par l’UNFPA.

« Ce ne sont pas des chiffres abstraits, ce sont des vies humaines. Ce sont les personnes les plus vulnérables de la planète qui paient le prix de cette décision », a martelé M. Smith. Il a rappelé que l’UNFPA avait un besoin urgent de 308 millions de dollars en 2025 pour maintenir ses opérations en Afghanistan, au Bangladesh et au Pakistan.

Alors que l’incertitude demeure quant à l’issue de cette suspension de l’aide, les Nations Unies insistent sur l’urgence de trouver des solutions pour éviter un effondrement humanitaire dans certaines des régions les plus fragiles du monde.