Intensification de la violences à la Jamaïque après qu’un chef de gang jamaïcain, recherché depuis des années, a été tué par la police…

KINGSTON (Jamaïque), vendredi 24 janvier 2025- La police en Jamaïque a abattu un chef de gang influent, déclenchant une violente réaction près de Kingston, la capitale, jeudi. Des coups de feu ont retenti dans Spanish Town, et au moins un commerce a été incendié quelques heures après que la police a tué Othneil “Thickman” Lobban, décrit comme un leader important du gang One Order.

Le gouvernement a déclaré que les autorités avaient été placées sous un niveau de menace extrême à la suite de cet événement.

« Nous exhortons les citoyens à rester calmes et à coopérer avec les forces de sécurité qui travaillent pour maintenir la paix et la stabilité dans la région », a indiqué la Jamaica Constabulary Force dans un communiqué.

Des policiers et des soldats ont patrouillé dans les rues de Spanish Town jeudi. Les rues sont restées largement désertes alors que les écoles, les commerces et les agences gouvernementales ont fermé par précaution. Les conducteurs de bus et de taxis ont été priés d’éviter la zone après la fusillade survenue tard mercredi soir.

La police a précisé qu’au cours de la traque de Lobban, les résidents d’une communauté ont organisé une manifestation, bloqué des routes et endommagé plusieurs véhicules officiels.

Cette poursuite intervient après que le gouvernement a ordonné une répression contre les gangs, à la suite de récentes fusillades de masse.

La Jamaïque figure parmi les pays avec les taux d’homicides les plus élevés au monde, et beaucoup craignent que cette fusillade mortelle n’entraîne de nouvelles représailles.

Le pays compte également l’un des taux les plus élevés de violences policières dans les Amériques, selon Amnesty International, qui a affirmé que beaucoup de ces morts semblaient être des exécutions extrajudiciaires.

Le gang One Order, basé à Spanish Town, opère depuis plus de deux décennies, d’après un rapport de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.

Les médias locaux rapportent que le gang est accusé d’extorsion, de meurtres et de trafic de drogue, et que sa rivalité féroce avec le gang Klansman a entraîné la mort de centaines de personnes.

Le gang One Order est depuis longtemps considéré comme un allié du Parti travailliste de Jamaïque et est perçu comme l’un des gangs les plus puissants dans un pays où opèrent quelque 250 groupes criminels.

En réponse à la montée en puissance des gangs armés en Haïti, la Jamaïque a renforcé son engagement international en contribuant à la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS), menée sous la coordination du Kenya. En septembre 2024, un contingent jamaïcain, composé de 20 membres de la Force de Défense de Jamaïque (JDF) et de quatre policiers, a été déployé en Haïti pour soutenir la Police Nationale d’Haïti (PNH) dans sa lutte contre les gangs.

Cette initiative vise à rétablir l’ordre et à sécuriser les zones contrôlées par des groupes criminels armés, notamment à Port-au-Prince. La Jamaïque, qui fait face à ses propres défis liés à la criminalité organisée, démontre ainsi sa volonté de contribuer activement à la sécurité régionale.

Toutefois, la situation reste complexe en Haïti, où les gangs continuent de dominer une grande partie du territoire. La mission multinationale, bien qu’ambitieuse, se heurte à des obstacles tels que le manque de coordination entre les forces locales et internationales, et la méfiance de la population.

En Jamaïque, les efforts pour endiguer la violence liée aux gangs rappellent les défis auxquels sont confrontées d’autres nations caribéennes, où la criminalité organisée constitue un problème structurel.