Guerre commerciale Etats-Unis/Canada : L’Ontario met fin à son contrat avec Starlink d’Elon Musk en réponse aux tarifs douaniers américains…

Doug Ford, Premier Ministre de l'Ontario...

ONTARIO, (CA) lundi 3 février 2023- Le Premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a annoncé que la province la plus peuplée du Canada ne conclura plus de contrats avec des entreprises américaines tant que les États-Unis ne lèveront pas les tarifs douaniers imposés par le président Donald Trump sur les produits canadiens. Dans cette optique, son gouvernement a décidé d’annuler un contrat de 100 millions de dollars canadiens (68 millions de dollars américains) avec la société Starlink, le fournisseur d’internet par satellite d’Elon Musk.

« L’Ontario ne fera pas affaire avec des gens déterminés à détruire notre économie », a déclaré Doug Ford, qui est en pleine campagne électorale après avoir convoqué des élections anticipées la semaine dernière.

Cette décision intervient alors que Donald Trump et le Premier ministre canadien Justin Trudeau se sont entretenus lundi à propos de la taxe de 25 % sur les importations canadiennes annoncée par Washington ce week-end. Depuis plusieurs mois, Trump justifie ces mesures protectionnistes par divers motifs, allant de la sécurité des frontières aux déficits commerciaux, en passant par les dépenses de défense du Canada au sein de l’OTAN. Lors d’un échange avec la presse dans le Bureau ovale, Trump a qualifié le Canada de partenaire commercial difficile. « Je suis sûr que cela vous choque, mais le Canada est très dur. Ils sont très, très durs en affaires, et nous ne pouvons pas les laisser profiter des États-Unis », a-t-il affirmé.

Ces nouveaux tarifs, qui entreront en vigueur mardi, imposeront une taxe de 25 % sur les biens en provenance du Canada et du Mexique, ainsi qu’une taxe de 10 % sur les produits chinois. Toutefois, le secteur énergétique canadien sera soumis à un taux réduit de 10 %.

En réponse, Justin Trudeau a annoncé des contre-mesures tarifaires totalisant 155 milliards de dollars canadiens (107 milliards de dollars américains), avec 30 milliards prévus cette semaine et 125 milliards supplémentaires dans trois semaines si Washington maintient ses décisions. « Le Canada n’a pas déclenché cette guerre commerciale avec les États-Unis, mais soyez certains que nous sommes prêts à la gagner », a martelé Doug Ford lundi lors d’une conférence de presse.

Le Premier ministre ontarien a ainsi ciblé Starlink, avec laquelle son gouvernement avait signé un partenariat en novembre dernier pour fournir un accès à internet haute vitesse par satellite à 15 000 foyers et entreprises en zone mal desservie. Cependant, Elon Musk, dont la société mère de Starlink, SpaceX, entretient des liens étroits avec Trump, a réagi sobrement sur X en écrivant : « Tant pis. »

Ford a affirmé que l’Ontario disposait d’un « très bon dossier » au cas où Starlink déciderait de contester cette résiliation devant la justice. « C’est une question de principe », a-t-il insisté, ajoutant que la province était prête à payer d’éventuelles pénalités.

D’autres provinces canadiennes adoptent des mesures similaires. Le Québec, la Colombie-Britannique et le Nouveau-Brunswick ont annoncé leur intention de retirer des produits américains, notamment des alcools, des rayons de leurs magasins d’État et de revoir leurs contrats avec des entreprises américaines.

Pendant ce temps, le président mexicain Claudia Sheinbaum et Donald Trump ont conclu un accord repoussant d’un mois l’application des tarifs sur les importations mexicaines, après que Mexico a promis de renforcer la présence de la Garde nationale à la frontière. En revanche, un haut responsable canadien a confié au New York Times que le gouvernement Trudeau ne s’attendait pas à bénéficier d’un délai similaire.

Trump justifie ces taxes comme une mesure visant à protéger les États-Unis contre « la menace majeure » que représentent selon lui l’immigration clandestine et le trafic de drogue, en particulier le fentanyl. Son administration accuse des cartels mexicains de disposer de laboratoires au Canada, une affirmation que Trudeau a rejetée en soulignant que moins de 1 % du fentanyl entrant aux États-Unis provient du Canada.

En décembre, Ottawa avait annoncé un investissement de 1,3 milliard de dollars canadiens (900 millions de dollars américains) pour renforcer la surveillance aux frontières.

Dans les prochains jours, plusieurs premiers ministres provinciaux canadiens se rendront à Washington pour plaider contre ces nouvelles taxes et assister à une réunion des gouverneurs américains.

L’annonce des tarifs a immédiatement eu un impact sur les marchés financiers : les trois principales bourses américaines ont chuté à l’ouverture lundi, marquant la première séance de cotation depuis la publication des nouveaux droits de douane sur les importations en provenance du Canada, du Mexique et de la Chine.