NEW-YORK, lundi 20 novembre 2023– Le chef de l’ONU a déclaré lundi que dans le conflit actuel entre l’armée israélienne et les militants palestiniens à Gaza, le monde est témoin d’un niveau « sans précédent » de morts civiles, comparé à tout autre conflit depuis qu’il est devenu Secrétaire général en 2017.
En réponse à une question posée lors d’une conférence de presse sur le dernier rapport sur les émissions de gaz à effet de serre, le Secrétaire général António Guterres a souligné que dans tous les rapports publiés, pendant son mandat, sur les enfants dans les conflits, il était clair que la guerre actuelle à Gaza a vu des milliers de décès d’enfants – contre des centaines dans les conflits au Yémen et en Syrie.
Sans entrer dans le débat sur l’exactitude des chiffres publiés par le ministère de la Santé de Gaza, considérés comme fiables par les agences de l’ONU, il a affirmé que « ce qui est clair, c’est que nous avons eu en quelques semaines des milliers de morts d’enfants ».
Les derniers rapports des autorités sanitaires indiquent que plus de 13.000 civils au total sont morts dans l’enclave depuis les attaques du Hamas du 7 octobre et l’offensive israélienne qui a suivi.
« C’est ce qui compte. Nous assistons à un massacre de civils sans précédent dans aucun conflit depuis que je suis Secrétaire général », a dit M. Guterres.
Abordant également la manière dont la région pourra avancer une fois les combats terminés, le chef de l’ONU a déclaré qu’il était « important de pouvoir transformer cette tragédie en une opportunité ».
« Pour que cela soit possible, il est essentiel qu’après la guerre nous avancions de manière déterminée et irréversible vers une solution à deux Etats », a-t-il dit aux journalistes. « Cela signifie également qu’après la guerre – et c’est mon opinion – je crois qu’il est important d’avoir une Autorité palestinienne renforcée pour assumer des responsabilités à Gaza ».
À Gaza, où deux écoles gérées par l’ONU ont été directement touchées au cours du week-end dans un contexte d’intensification des combats, le sort des civils continue de s’aggraver alors que de fortes pluies s’abattent sur l’enclave.
Un message de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, (UNRWA) sur la plateforme de médias sociaux X, a décrit lundi la situation dans les abris comme « invivable ». Il a indiqué que les Gazaouis n’avaient « pas d’options », faisant écho aux avertissements répétés des humanitaires de l’ONU : aucun endroit n’est sûr pour les civils à Gaza.
Depuis les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre, qui ont coûté la vie à environ 1.200 personnes et durant lesquelles près de 240 personnes ont été prises en otage, des centaines de milliers de Gazaouis ont fui vers le sud de l’enclave palestinienne, à la suite d’un ordre d’évacuation de l’armée israélienne.
Des images satellites de l’exode ont montré une masse de personnes se déplaçant à travers un paysage de bâtiments détruits, tandis que d’autres photographies prises sur le terrain montraient des familles transportant leurs biens à pied ou une femme traînant deux bébés dans des sièges auto derrière elle.
Dans une mise à jour dimanche, Tom White, Directeur des affaires de l’UNRWA à Gaza, a déclaré à la chaîne américaine ABC que 13 sites de l’UNRWA où des personnes s’étaient « réfugiées sous le drapeau de l’ONU » avaient été « directement touchés » depuis le 7 octobre, tandis que « d’innombrables autres abris » avaient subi des « dommages collatéraux » dont un grand nombre dans le sud de Gaza, où les civils avaient reçu l’ordre de fuir.
- White a déclaré que 73 personnes avaient été tuées dans les abris de l’UNRWA à ce jour, « dont une grande partie dans le sud » de l’enclave.
« La réalité est que les Gazaouis n’ont nulle part où aller pour se mettre en sécurité et qu’ils sont tous exposés à la menace des combats et en particulier des frappes aériennes », a dit le responsable de l’UNRWA.
Selon l’agence onusienne, plus de 880.000 personnes déplacées à l’intérieur du pays ont trouvé refuge dans 154 installations de l’UNRWA dans les cinq gouvernorats de Gaza. Sur les 2,3 millions d’habitants de Gaza, 1,7 million sont aujourd’hui déplacés.
À ce jour, 104 membres du personnel de l’UNRWA et au moins 11.000 personnes à Gaza ont été tués, selon les autorités sanitaires.
« Des maisons ont été touchées dans toute la bande de Gaza », a déclaré M. White, qui a précisé que la principale préoccupation des gens était : « S’ils sont dans le nord ou dans le sud, sont-ils en sécurité ? »