France-Russie : escalade des tensions sur l’Ukraine, Paris et Moscou s’accusent mutuellement de menace…

Vladimir Poutine, President de la Federation de Russie...

MODCOU, (Russie), jeudi 6 mars 2025Les tensions entre la France et la Russie ont atteint un nouveau sommet après les déclarations du président Emmanuel Macron, qui a qualifié Moscou de “menace pour la France et l’Europe” et évoqué la possibilité d’envoyer des forces européennes en Ukraine après un éventuel accord de paix. Le Kremlin a immédiatement réagi en dénonçant un discours agressif et en y voyant une menace directe contre la Russie.

Lors d’une allocution télévisée mercredi soir, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité pour la France et ses alliés européens de se préparer à un scénario où les États-Unis ne seraient plus à leurs côtés. Il a annoncé une réunion prochaine des chefs d’état-major des armées européennes pour discuter d’un engagement militaire en Ukraine, tout en ouvrant le débat sur une possible extension de la dissuasion nucléaire française aux alliés européens.

Ces propos interviennent dans un contexte de repositionnement des États-Unis sur le dossier ukrainien. Le président Donald Trump a exprimé sa volonté de mettre fin au conflit en exerçant une pression sur Kiev pour négocier avec Moscou, tout en prônant un rapprochement avec la Russie. Cette nouvelle approche américaine suscite des inquiétudes en Europe quant à la fiabilité du soutien de Washington à l’Ukraine.

La réaction de Moscou ne s’est pas fait attendre. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a dénoncé des déclarations “menaçantes” de la part du président français, comparant sa posture à celle de figures historiques ayant cherché à soumettre la Russie. “Contrairement à Napoléon et Hitler, qui au moins exprimaient clairement leurs intentions, M. Macron agit avec moins d’élégance”, a-t-il déclaré. Lavrov a également critiqué le fait que le président français n’ait toujours pas contacté Vladimir Poutine, malgré ses déclarations affirmant vouloir lui parler.

Moscou a rejeté catégoriquement toute idée de déploiement de forces de maintien de la paix européennes en Ukraine, estimant qu’une telle présence équivaudrait à une intervention directe de l’OTAN contre la Russie. Selon Lavrov, une telle initiative marquerait un point de non-retour et plongerait l’Europe dans une confrontation ouverte avec Moscou.

Face aux déclarations fermes des dirigeants européens, le Kremlin minimise la capacité militaire de l’Europe à peser sur l’issue du conflit. La Russie met en avant ses avancées sur le terrain et le renforcement de son armée, dont les effectifs ont été portés à 1,5 million de soldats sur ordre de Vladimir Poutine. En comparaison, les forces européennes apparaissent limitées, et la Russie reste, avec les États-Unis, l’une des deux principales puissances nucléaires mondiales, loin devant la France et le Royaume-Uni.

Le Kremlin continue d’affirmer qu’il ne représente aucune menace pour un membre de l’OTAN, rejetant les inquiétudes occidentales comme infondées. Cependant, la rhétorique employée par Macron et d’autres dirigeants européens, comme le Premier ministre britannique Keir Starmer, traduit une volonté croissante de renforcer l’autonomie stratégique du continent face à Moscou.

Dans un climat de plus en plus tendu, où chaque camp campe sur ses positions, le risque d’une escalade supplémentaire demeure. Tandis que la Russie insiste sur l’arrêt des livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine comme seule issue rapide au conflit, l’Europe, de son côté, semble déterminée à renforcer son engagement, faisant redouter une confrontation plus large à l’avenir.