WASHINGTON, (DC), samedi 5 avril 2025 –Plus de 1 400 manifestations se sont tenues samedi dans les 50 États américains pour dénoncer ce que les organisateurs qualifient de « prise de pouvoir hostile » menée par le président Donald Trump et son principal conseiller, Elon Musk. Baptisé « Hands Off! », ce mouvement de protestation vise à défendre la démocratie, les droits sociaux, et les libertés fondamentales face à une administration accusée de dérive autoritaire.
Ces rassemblements ont eu lieu devant les capitoles des États, les bâtiments fédéraux, les bureaux du Congrès, les sièges de la Sécurité sociale ainsi que dans des parcs et mairies à travers le pays. Selon le collectif Indivisible, qui coordonne l’événement avec un large éventail d’organisations – défense des droits civiques, syndicats, associations de femmes et de la communauté LGBTQ+ – près de 600 000 personnes y ont participé, avec des actions également observées à l’étranger.
Les manifestants exigent la fin de la mainmise des milliardaires sur le pouvoir, la restauration des financements pour les programmes sociaux (tels que Medicaid et la Sécurité sociale), et l’arrêt des attaques contre les minorités, les migrants et les personnes transgenres.
À Washington, plusieurs figures politiques ont pris la parole, dont le représentant démocrate Jamie Raskin (Maryland), qui a vivement critiqué le président Trump : « Notre Constitution commence par ‘Nous, le peuple’, pas ‘Nous, les dictateurs’. Aucun citoyen moral ne veut d’un dirigeant qui connaît le prix de tout, mais la valeur de rien », a-t-il déclaré.
Le représentant de Floride Maxwell Frost a, de son côté, exhorté les Américains à se mobiliser par tous les moyens – manifestations, dons, actions directes ou engagement législatif. « L’histoire montre que les autoritaires ne s’arrêtent jamais d’eux-mêmes. Ils testent les limites, enfreignent la loi, et observent si le public reste silencieux », a-t-il prévenu.
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a engagé une vaste réduction des effectifs fédéraux, avec plus de 121 000 licenciements recensés à ce jour. Elon Musk, à la tête du nouveau « Département de l’Efficacité Gouvernementale », a mené une offensive contre les dépenses publiques, allant jusqu’à se vanter d’avoir « passé à la broyeuse » l’agence d’aide internationale USAID.
Les critiques dénoncent également le démantèlement de programmes d’aide à la démocratie à l’étranger, ainsi que la mise en congé de fonctionnaires responsables de la sécurité électorale. La Sécurité sociale, qui verse des prestations mensuelles à environ 73 millions d’Américains, est plongée dans une crise après une réorganisation brutale ayant supprimé des milliers de postes.
Le durcissement de la politique migratoire est un autre point de tension. Des vagues d’arrestations par l’ICE (police de l’immigration) et un projet de déportation massive ont été annoncés, malgré des erreurs récentes comme l’expulsion injustifiée d’un réfugié salvadorien.
« Ils prétendent que les migrants volent nos emplois, alors qu’ils délocalisent les usines. Ils prétendent que les personnes trans sont un danger pour nos enfants, alors qu’ils détruisent l’école publique », a lancé Maxwell Frost. « Ils nient la crise climatique, empoisonnent la planète, et ignorent la violence armée. »
L’administration Trump a en effet engagé un recul sur plusieurs politiques environnementales et annoncé vouloir revoir les règles encadrant les armes à feu, ainsi que les litiges en cours sur ce sujet.
Le climat politique est également marqué par des atteintes aux libertés civiles, selon les organisateurs. L’arrestation controversée d’un réfugié palestinien ayant participé à une manifestation universitaire ravive les inquiétudes sur la liberté d’expression. « Ce pouvoir ne vise pas seulement les pauvres, mais tous ceux qui ne font pas partie du 1 %. Vétérans, enfants, personnes âgées, fermiers, migrants, personnes trans, opposants politiques : personne n’est épargné », déclarent les responsables du mouvement.
Les syndicats dénoncent pour leur part une attaque inédite contre les droits des fonctionnaires fédéraux. À Washington, les présidents de la National Federation of Federal Employees (NFFE) et de l’American Federation of Government Employees (AFGE) ont pris la parole devant la foule.
« Ce que fait cette administration, ce n’est pas rendre le gouvernement plus efficace, c’est le détruire », a dénoncé Randy Erwin, président de la NFFE. Les deux syndicats ont récemment porté plainte pour empêcher la suppression des droits à la négociation collective.
« Nous ne nous laisserons pas intimider », a martelé Everett Kelley, président de l’AFGE. « Nous défendrons notre contrat, notre droit syndical. Et nous continuerons à nous battre dans les tribunaux, dans la rue, et au Congrès. »
Dès les premières semaines de sa présidence, Donald Trump a mis fin au télétravail pour les fonctionnaires, et donné aux agences la possibilité de contourner les accords syndicaux.
À l’échelle mondiale, des actions ont également eu lieu en solidarité, notamment à Londres, où des manifestants ont brandi des pancartes dénonçant la « prise de pouvoir des milliardaires ».