Port-au-Prince, 13 décembre 2020– Les statistiques sur les actes de violence et de criminalité commis en 2020 en Haïti sont accablantes. Du 1e janvier au 30 novembre 2020, rien que dans les sept (7) commune de la région métropolitaine de Port-au-Prince, l’insécurité généralisée qui sévit dans le pays a causé la mort violente d’au moins cinq-cent-cinquante-six (556) personnes.
Ces chiffres sont partiels et ne concernent pas l’ensemble du pays. Ils ne prennent pas nécessairement en compte, le bilan des massacres commis dans les quartiers populaires au cours de l’année 2020, selon Jocelyne Colas Noël de la Commission Episcopale Justice et Paix (CE-JILAP), un organisme de défense des droits humains de l’église catholique.
Port-au-Prince arrive en tête du classement des villes les plus violentes d’Haïti avec deux-cent-cinq (205) cas, vient ensuite Cité Soleil cent-cinquante (150), Pétion-Ville cinquante-trois (53), Delmas cinquante-deux (52), Carrefour quarante-six (46), Tabarre trente-cinq (35) et Croix-des-Bouquet vingt-cinq (25).
Interviewée par RHINEWS, Madame Noël a fait remarquer que les chiffre de 2020 sont en augmentation par rapport à l’année 2019 où la CE-JILAP avait recensé cinq-cent-deux (502) cas de morts violents au niveau de la zone métropolitaine.
Cependant, de janvier à août 2020, 944 personnes sont mortes assassinées selon les rapports du RNDDH qui font état de trente-deux policiers assassinés par balle et près de deux-cents cas de kidnapping répertoriés pour la même période.
Au moins cent-quatre-vingt-cinq (185) personnes dont vingt-cinq (25) femmes et cinq (5) mineurs-es ont perdu la vie lors des massacres et attaques armées enregistrées dans les quartiers défavorisés du département de l’Ouest, toujours selon le RNDDH.
Pour Jocelyne Colas Noël, les causes de la violence et l’insécurité meurtrière en Haïti sont multiples. Elle cite entre autres l’impunité dont jouissent les criminels, le dysfonctionnement et les faiblesses de la justice, l’instrumentalisation de la police nationale qui a été dévoyée de sa mission fondamentale, la lutte pour la prise et le maintien du pouvoir, la mauvaise gouvernance, la corruption, la banalisation de la vie et l’association des autorités avec des gangs armés…
En raison de cette situation, elle dit observer que la démocratie et l’Etat de droit sont en péril dans le pays. La situation générale des droits humains ne cesse de se dégrader dangereusement de jour en jour, souligne la militante des droits de l’homme.
‘’Nous assistons chaque jour aux violations systématiques des droits humains. Rien n’a été fait concrètement pour garantir, protéger et respecter les droits humains, souligne Madame Noël qui déclare constater que le pays s’achemine de plus en plus vers une dictature.’’
Jocelyne Colas Noël se dit particulièrement inquiète par rapport aux récents décrets pris par le président Jovenel Moïse en dehors de la constitution. ‘’Ce sont des décrets qui sont en train de changer le cadre légal et normatif du pays. Mon inquiétude est d’autant plus grande qu’en dépit des constations soulevées par ces décrets jugés scélérats et attentatoires aux libertés et au droits fondamentaux des haitiens, le chef de l’Etat persiste et signe en adoptant d’autres, les uns plus controversés que les autres, précise-t-elle.’’
Madame Noël dit noter aussi que la violence, le kidnapping, la distribution des armes illégales responsables de l’insécurité criminelle généralisée à laquelle le pays fait face, deviennent des instruments politiques en Haïti.
La responsable de la CE-JILAP appelle les autorités en place à prendre toutes les dispositions pour mettre fin à la corruption, la violence meurtrière, l’insécurité, le kidnapping, la distribution des armes et aux actives des gangs criminels qui terrorisent les citoyens.
Jocelyne Colas Noël recommande que l’appareil judiciaire se redresse pour combattre l’impunité l’une des principales sources de la violence criminelle en Haïti en poursuivant ceux qui commentent des crimes afin d’éviter, dit-elle, que le pays continue de chuter et de s’installer durablement dans la violence aveugle.