Trou-du-Nord, 21 décembre 2020- La ville de Trou-du-Nord (Nord-Est) fait face a une situation d’insalubrité sans précèdent. La ville est couverte d’immondices avec des rues défoncées remplies d’eau stagnante.

A chaque coin de rue ou presque, s’amoncellent des piles de détritus décorés de mouches. Ce qui met en péril la sante des truviens qui ne savent plus à quel saint se vouer.

Au centre-ville, au marché public de la ville et dans le voisinage immédiat des résidents, le tableau n’est pas différent. Les lots de déchets s’accumulent dans une ville où les infrastructures de base sont quasiment inexistantes. Les équipements dont disposent les pouvoirs locaux pour assainir la ville sont dérisoires et défaillants.

A la Mairie de Trou-du-Nord, il existe un service de voirie dépourvue d’équipements pour s’acquitter de sa tache de collecte et de ramassage des détritus. Le service dispose d’un camion compressif et d’un camion bascule qui ne sont pas totalement en état de fonctionnement.

Les employés de ce service qui n’ont pas reçu leurs émoluments depuis environ onze (11) mois, se sont faits particulièrement discrets et très peu visibles dans la ville. Ils sont en colère contre leurs supérieurs hiérarchiques.

En conséquence, les résidents assurent eux-mêmes un minimum de nettoyage autour de leurs maisons et paient des particuliers pour collecter les déchets ménagers qu’ils génèrent au jour le jour. Ce qui représente un coût additionnel au budget des ménages dont la situation économique n’est pas nécessairement réjouissante.

La situation d’insalubrité que connait la ville de Trou-du-Nord ne date pas d’aujourd’hui. Cependant, elle s’est considérablement détériorée ces derniers temps, selon Julienne Pauléus, 47 ans, infirmière de profession.

‘’Toute ma vie, dit-elle, je n’ai jamais vu la ville où je suis née dans un tel état d’insalubrité.  Je n’ai jamais cru que ma ville connaitrait un tel niveau d’abandon au point qu’il est difficile de circuler dans les rues déjà trop étroites et mal entretenues, soutient-elle.’’

Nostalgique, Julienne Pauléus explique à RHINEWS qu’elle a eue une enfance heureuse à Trou-du-Nord du temps où l’assainissement de la ville était pris en charge. Avec peu de moyens, les employés de la voirie faisaient de leur mieux pour tenir la ville toujours propre. Les citoyens y jouaient leur rôle aussi. J’ai le sentiment que nous perdons petit à petit notre humanité, déclare-t-elle.’’

‘’Dans le temps, on ne voyait pas des porcs circuler en plein centre-ville aux côtés des humains, souligne-t-elle tristement. Ils auraient été capturés et remis à la mairie qui les revendrait à la criée publique. ’’

Paulin Jean-Michel, 39 ans, médecin, estime pour sa part que la ville est victime d’une explosion démographique et une absence évidente de leadership éclairé et responsable.

La ville subit une pression démographique intense déplore-t-il, soulignant que depuis plusieurs décennies, les sections communales se vident littéralement et que tous les paysans se dirigent vers la ville pour accéder à un minimum de service souvent inaccessible dans les zones les plus reculées.

‘’Les ménages produisent beaucoup de déchets et ne disposent pas de poubelles. La Mairie ne fait pas son travail ; elle ne fait que constater les dégâts sans proposer une alternative. Les autorités communales ne connaissent même pas le travail qu’elles doivent accomplir dans la ville, souligne M. Michel qui estime normal que les détritus jonchent toutes les rues de la ville.’’

‘’Cet exode s’est amplifie notamment depuis que Trou-du-Nord est électrifié 24/24heures à partir du Parc Industriel de Caracol. Des gens viennent de partout soit pour travailler au Parc soit pour étudier à l’Université de Limonade (Nord). De nombreux d’entre eux vivent à Trou-du-Nord, précise le médecin qui déplore que sa ville ne dispose pas d’infrastructures adéquates pour faire face à ce flux de personnes.’’

‘’Quand ce sont les plus bêtes qui dirigent, les résultats ne sauraient en être autrement, lance le jeune médecin qui croit qu’on doit repenser la ville de Trou-du-Nord.’’

Philippe Augustin, 41 ans, est ingénieur civil. Tout en déplorant l’état d’insalubrité dans laquelle Trou-du-Nord patauge, il dit craindre pour l’avenir de cette ville toujours non aménagée après trois-cent-quinze (315) ans d’existence où ni norme d’urbanisation ni code de construction n’est appliqué.

‘’Chacun fait comme bon lui semble dans un désordre indescriptible. On construit n’importe où n’importe comment sans supervision ni inspection de la Mairie pour s’assurer que les constructions répondent aux normes. Il en résulte que Trou-du-Nord qui ne remplit pas les conditions modernes d’urbanisation, devient un vaste bidonville où il est presqu’impossible de vivre, selon l’ingénieur.

‘’Des constructions anarchiques se dressent un peu partout sans voie de pénétration et d’évacuation. En cas d’incendie, souligne M. Augustin, il n’y a pas moyen d’intervenir. Pire encore, il n’existe pas de service pompier à Trou-du-Nord.   C’est comme si on vivait au moyen-âge, déclare Philippe Augustin.’’

Il dit craindre que sa ville natale ne devienne une ville poubelle avec toutes ces tonnes de déchets qui s’accumulent sans que les autorités municipales n’interviennent pour résoudre le problème avant qu’il ne soit trop tard.

Je suis qu’on va peut-être faire un simulacre à l’occasion des fêtes de fin d’année et du nouvel an pour ramasser les piles de détritus qui sautent plus aux yeux, mais je ne suis pas dupe. Cela ne tiendra que pour une semaine ou deux, selon Philippe Augustin qui croit qu’on ne peut pas concevoir l’assainissement d’une ville à l’occasion d’une fête quelconque.’’

Pour maintenir une ville propre et pousser les autorités municipales à assumer leurs responsabilités, les citoyens doivent aussi jouer leur partition. Ils doivent protester quand c’est nécessaire et participer à l’assainissement de leur ville.

La rédaction de RHINEWS a tenté à plusieurs reprises d’avoir la réaction de l’agent intérimaire de l’exécutif de Trou-du-Nord, Joseph Edelin Etienne sur cette situation, mais en vain. Il ne répond pas au téléphone ni aux messages.