MIAMI, mercredi 21 août 2024-Depuis des décennies, Little Haïti, un quartier emblématique de Miami, représente le cœur de la communauté haïtienne. Toutefois, ce qui rend cet endroit si unique attire désormais l’attention des promoteurs immobiliers. Un cinéaste a décidé de documenter ces changements et de mettre en lumière les luttes des habitants du quartier, le tout dans un film sorti ce mois-ci.
Le film, intitulé Mountains, raconte l’histoire d’une famille qui vit ces transformations en plein cœur de Little Haïti. Tourné avec un casting haïtien-américain et des dialogues en créole haïtien, il est diffusé à travers tout le pays ce mois-ci.
Little Haïti est réputé pour ses devantures colorées de magasins de proximité, de restaurants et de botanicas qui bordent la deuxième avenue de Miami. Les habitants, souvent assis sur des chaises à l’extérieur de leurs maisons et boutiques, observent parfois un coq se pavaner dans la rue. C’est dans les années 1970 et 1980 que les Haïtiens, fuyant la pauvreté et la répression politique, ont commencé à s’y installer. Cependant, ce n’est qu’en 2016 que Miami a officiellement désigné ce quartier comme “Little Haïti”.
Ce quartier sert de cadre au premier long-métrage de la cinéaste haïtienne-américaine Monica Sorelle. Lors d’une interview avec NPR, Sorelle a partagé : « Nous avons réellement tourné ici, à Choublak, un café et centre d’accueil à Little Haïti. La scène où Esperanza s’arrête chez un vendeur durant sa promenade a été filmée ici. »
Après être revenue à Miami en 2014, Sorelle a remarqué de nombreux changements à Little Haïti. Les promoteurs s’intéressaient depuis longtemps à cette zone, mais la rénovation du quartier voisin de Wynwood, devenu un district artistique et nocturne plus aisé, a accéléré le processus de redéveloppement. « J’ai commencé à voir les mêmes promoteurs, actifs à Wynwood, acheter des propriétés à Little Haïti », explique-t-elle.
Le film de Sorelle débute par des scènes où des équipes démolissent des bâtiments dans le quartier, une vision quotidienne dans Little Haïti et Wynwood à l’époque. Un jour, Sorelle a observé un ouvrier en démolition terminer sa journée de travail et traverser la rue pour rentrer chez lui. « La question m’est venue : et s’il vivait juste de l’autre côté, traversant la rue pour démolir et reconstruire son propre quartier ? » Cette idée a inspiré le scénario de Mountains. Une organisation à but non lucratif de Miami, Oolite Arts, a fourni des financements essentiels pour ce film à micro-budget avec un casting haïtien-américain.
Le choix de tourner en créole haïtien a rendu difficile la recherche de soutiens financiers. Robert Colom, qui a co-écrit le scénario et produit le film, se souvient : « Une grande société de production que nous avons rencontrée à New York nous a dit : ‘On peut le faire ensemble pour 2 millions de dollars, en anglais, et avec des stars.’ Ce n’était tout simplement pas l’idée que nous avions pour ce film. Pour raconter une histoire authentique sur l’expérience de Little Haïti, il fallait le faire de cette manière. »
Article de Greg Allen publié initialement en Anglais sur: https://www.npr.org/2024/08/20/nx-s1-5073880/mountains-film-miami-little-haiti