Par Isabel Litterst, journaliste,
MANCHESTER, (N.H), mardi 4 mars 2025-Des immigrés haïtiens et des militants de la région de Nouvelle-Angleterre s’opposent à la décision de mettre fin prématurément au Statut de Protection Temporaire (TPS) en intentant une action en justice au niveau fédéral. Cette bataille juridique fait suite à l’annonce du président Donald Trump, qui souhaitait écourter le programme de six mois.
De nombreux Haïtiens ayant fui des situations périlleuses craignent désormais de perdre leurs droits légaux. « Ils ont peur, vous savez, chaque personne qui vit dans la crainte d’une expulsion est terrorisée », explique Micko Dorceus, résident de Manchester d’origine haïtienne. Né d’une mère immigrée d’Haïti, il a grandi à New York et vit aujourd’hui à Manchester avec son épouse, également originaire d’Haïti. Selon lui, l’ambiance au sein de la communauté se caractérise par une angoisse palpable : « Si je devais résumer en un mot, ce serait l’anxiété. »
Aux États-Unis, environ un demi-million d’immigrés haïtiens bénéficient actuellement du TPS, leur permettant de vivre et de travailler légalement. Toutefois, un recours déposé dans le Massachusetts souligne que beaucoup se retrouvent confrontés à une situation inédite et inquiétante. Rick Minard, directeur exécutif de Building Community dans le New Hampshire, illustre ce désarroi en évoquant le cas d’une femme qui hésite entre laisser son enfant aux États-Unis ou le ramener en Haïti, pays qu’elle juge dangereux.
Initialement instauré en 2021, le TPS pour les Haïtiens devait expirer en février 2026. Or, la semaine dernière, Kristi Noem, directrice de la Sécurité intérieure, a annoncé son intention d’avancer cette échéance au 3 août 2025. Un porte-parole du Département de la Sécurité intérieure a affirmé : « Nous rétablissons l’intégrité du système TPS, qui a été exploité par des étrangers en situation irrégulière depuis des décennies. Le président Trump et la secrétaire Noem ramènent le TPS à son statut initial : temporaire. »
Les défenseurs des droits des immigrés haïtiens contestent cette décision, arguant que l’administration Trump ne dispose pas du pouvoir légal pour écourter la protection accordée, et ajoutent que ce changement serait motivé par des raisons raciales. « La plainte cite plusieurs remarques formulées par le président Trump lui-même, ciblant les Haïtiens, avec des propos tels que ‘tous les Haïtiens ont le sida’ ou ‘les Haïtiens mangent des chiens et des chats’, comme on a pu le voir dans les médias », souligne Miriam Albert, avocate spécialisée en droits civils.
Par ailleurs, l’administration Trump envisage également de révoquer le TPS pour les Vénézuéliens résidant aux États-Unis, une mesure que la présente action en justice vise aussi à contester.
Cet article a été publié initialement en anglais sur: https://www.wmur.com/article/haitians-immigrants-advocates-federal-lawsuit-0325/64025159