Appel à la mobilisation : grève nationale de la communauté haïtienne en République dominicaine le 18 décembre 2024…

Des haitiens protestant contre la politique dominicaine envers les migrants haitiens en RD...

SAINT-DOMINGUE, mardi 17 décembre 2024 La communauté immigrée haïtienne, pilier essentiel de la classe ouvrière en République dominicaine, se prépare à une mobilisation historique le 18 décembre prochain, à l’occasion de la Journée internationale des migrants. Soutenant des secteurs clés tels que l’agriculture, la construction et les services, les travailleuses et travailleurs haïtiens jouent un rôle fondamental dans le développement économique dominicain. Malgré leurs contributions inestimables, ils sont confrontés à une montée inquiétante du racisme, des discours de haine et des politiques de déportation massives orchestrées par le gouvernement dominicain depuis 2021.

Selon le communiqué des organisateurs, « tous les jours, la communauté haïtienne paie des millions de pesos en taxes et impôts ». Pourtant, au lieu de reconnaître cet apport, les autorités dominicaines ont choisi d’intensifier les expulsions de manière systématique, faisant des migrants haïtiens les cibles d’une campagne qui les accuse d’être une menace pour la sécurité nationale et la souveraineté du pays. En octobre dernier, à l’occasion du 87ᵉ anniversaire de la Massacre du Persil, le gouvernement a annoncé un objectif de 10 000 expulsions hebdomadaires, intensifiant un climat de peur et de persécution à l’égard des travailleurs immigrés.

Les organisateurs dénoncent également l’abandon des promesses de l’État dominicain envers les travailleurs cañeros haïtiens, qui n’ont jamais perçu les pensions auxquelles ils ont droit malgré des décennies de cotisations. « Ces hommes, qui ont été les piliers de l’industrie sucrière et de l’économie dominicaine, méritent de recevoir leurs pensions et de vivre dans la dignité, plutôt que de mourir dans l’indigence. » Ils pointent aussi du doigt des mesures qui mettent en danger la santé des femmes haïtiennes, en particulier les femmes enceintes, souvent ciblées par des raids migratoires dans les hôpitaux, et présentées comme un fardeau dans le discours officiel.

Le communiqué décrit un contexte marqué par des actes de violence envers la communauté haïtienne, tels que des lynchages et des incendies de logements de travailleurs. « Ces actes, qui se multiplient dans tout le pays, sont souvent perpétrés avec la complicité des forces de l’ordre ou l’inaction des autorités judiciaires », déclarent les organisations. En réponse, elles appellent à une grève nationale sous le slogan #UnDiaSinMigrantesRD, afin de démontrer de manière pacifique l’importance économique et sociale de la communauté haïtienne.

Les revendications incluent l’arrêt immédiat des déportations massives, jugées contraires aux normes internationales et aux droits humains. Les organisateurs rappellent que « les expulsions collectives et sommaires violent le principe de non-refoulement inscrit dans la Convention américaine des droits de l’homme ». Ils demandent également un plan spécial de régularisation migratoire, équivalent à celui mis en place pour les migrants vénézuéliens, ou la relance du Plan national de régularisation des étrangers (PNRE), dont seulement 3 % des bénéficiaires ont obtenu une régularisation réelle depuis 2014.

Parmi les autres exigences figurent l’égalité salariale et la liberté syndicale pour mettre fin à la précarité et au travail forcé, ainsi que la reconnaissance officielle de la contribution économique des travailleurs haïtiens, estimée entre 7 % et 9,5 % du PIB dominicain, selon plusieurs études. « Nous ne sommes pas une charge, mais des acteurs essentiels du développement économique du pays. Nous méritons d’être traités avec dignité », soulignent les porte-paroles.

Les organisations à l’origine de cet appel, telles que le Collectif #HAITIANOSRD, le Mouvement de Femmes Dominico-Haïtiennes (MUDHA) ou encore le Mouvement RECONOCIDO, insistent sur l’importance de cette grève comme acte de résistance pacifique et de solidarité. « Cette mobilisation est un cri pour la justice, pour rappeler que les migrants haïtiens sont des êtres humains, des travailleurs et des créateurs de richesse. »

En participant à cette journée d’arrêt de travail, la communauté haïtienne et ses alliés espèrent envoyer un signal fort contre le racisme et la xénophobie, tout en réaffirmant leur droit à l’égalité et à la justice.