Port-au-Prince, 5 août 2021- Ce roman à la fois fascinant et dérangeant, décrit une réalité impitoyable, où les bandits violent les femmes, pillent les maisons et assassinent en toute impunité dans la cité des Villages de Dieu, nous dit l’immortel Dany Laferrière , qui a commenté l’ouvrage si poignant mais qui est avant tout une lumière dont on n’arrive pas à savoir si elle vient du soleil tropical ou des rêves fous des gens.
Pour l’académicien, c’est le meilleur des ouvrages de la Directrice du Bureau haïtien des droits d’auteur (BHDA).
Paru aux éditions Mémoire d’Encrier, le livre vous donne le goût du plaisir même quand il suscite l’émotion. Emmelie Prophète raconte l’histoire de Célia, la narratrice, qui a grandi dans la Cité de la Puissance Divine. La faim est son lot quotidien, son seul horizon.
Elle est allée tardivement à l’école. Sa mère est morte à vingt ans à la suite du sida et de la drogue quand elle avait à peine deux ans. Christa, sa grand-mère, est morte à cause des affrontements entre les gangs de Freddy et de Mackenson, entre la cité de la Puissance Divine et Bethléem.
Sa grand-mère est enterrée grâce au support financier de Freddy, chef du gang de la Cité de la Puissance Divine. Sa Granma a élevé deux enfants : Rosia, la mère de Célia et Tonton Frédo, un grand buveur qui a eu la chance de représenter Haïti aux Jeux olympiques d’Atlanta.
Dans cette cité où il n’y a jamais eu de trêve, la grande faucheuse arrive à toute heure du jour : « La mort à midi comme à minuit », deux semaines après la mort subite de sa Granma, la narratrice se trouve dans l’obligation de se prostituer pour subvenir à ses besoins et à ceux de son oncle Fredo.
Elle ne partage pas son corps avec des clients trop grands de taille. Entre-temps, elle participe aux réunions dominicales qu’organise Patience, concubine du chef de gang de l’époque. Elle se lie d’amitié avec les nouveaux chefs de gang avec réserve et difficulté.
« Ce sont les femmes qui font que l’édifice ne tombe pas, même s’il est fragilisé par la misère, l’incertitude et la faillite institutionnelle, dit l’auteure.
Tout ça passe à travers le corps des femmes. La violence, c’est d’abord les hommes, tout comme le bruit et le grand désordre » indique Emmelie Prophète, honorée par l’académie française le 24 juin dernier.
La romancière Emmelie Prophète est récipiendaire du prix du rayonnement de la langue française par l’Académie française, haut-lieu des lettres et de la littérature depuis 1635. Ce prix annuel est destiné à des personnalités françaises ou étrangères ayant rendu à la langue et aux lettres des services particuliers.