PORT-AU-PRINCE, mercredi 8 mai 2024-Le 18 mai, une journée de célébration du 220e anniversaire du drapeau, nous ramène aux conquêtes de nos ancêtres qui nous ont légué ce symbole chargé d’histoire. C’est aussi en cette date que nous commémorons le 39e anniversaire de la mort d’une légende haïtienne, Nemours Jean Baptiste, qui a laissé une empreinte indélébile dans notre histoire à travers sa création : le compas direct. Ce style musical, inventé au milieu des années 1950 par ce virtuose du saxophone, est bien plus qu’une simple mélodie ; il est le reflet d’une identité culturelle profonde, façonnée par le génie créatif de Nemours Jean Baptiste.
Malgré sa cécité, cet artiste a illuminé nos vies de sa musique, nous léguant un héritage qui brille tel un flambeau dans nos âmes, vibrant et sacré. Son influence dépasse largement les frontières d’Haïti, touchant les cœurs et les esprits à travers les Caraïbes, l’Europe, l’Amérique latine, et même l’Asie. Des groupes tels que Tabou Combo et Carimi ont hissé haut le drapeau du compas sur la scène internationale, tandis que des noms emblématiques comme Klass, Nu Look, T Vice, Kaï, VibeZafèm,Ekip, Disip, Harmonik, Kreyol la, Zenglen et Djakpòt ont maintenu sa flamme vivante sur la scène musicale.
Nemours Jean-Baptiste a grandi à la rue des Fronts Forts où il a commencé à former ses propres groupes. Il a créé le compas, constatant qu’à Haïti, on ne dansait qu’un seul rythme : le rythme dominicain, le Tipico. Il a introduit ce nouveau rythme sous la cadence 1-2 lorsqu’il a fondé le Conjunto International, qui se produisait sous les tonnelles. Il était ravi de voir les paysans danser sur ce rythme.
Nemours Jean-Baptiste excellait au saxophone. Il jouaitégalement à la guitare, instrument qu’il utilisait pour composer ses œuvres musicales. Sa maîtrise du banjo et de l’harmonium témoigne de sa polyvalence artistique remarquable. En dehors de sa passion pour la musique, il était un fervent amateur de football et faisait partie du club haïtien Racine. Ainsi, grâce à son talent musical et à sa créativité, Nemours Jean-Baptiste a profondément marqué la scène musicale haïtienne, en introduisant un nouveau style rythmique qui a entraîné tout un pays dans la danse.
Le mois de mai, marqué par la perte de plusieurs légendes de la musique haïtienne, nous rappelle de manière poignante la fragilité de la vie et l’importance cruciale de préserver notre héritage culturel. Parmi ces figures emblématiques, Nemours Jean Baptiste se tient aux côtés d’autres icônes telles que Master J, Ti Manno, Almando Keslin, Maurice Sixto et récemment Hans Chérubin, mieux connu sous le nom de “Gros Bébé”. Ensemble, ils demeurent des piliers de cet héritage, des phares dans l’obscurité de l’oubli.
Pour honorer la mémoire de Nemours Jean Baptiste, le père du Compas direct et perpétuer son héritage, Philippe Saint Louis, un animateur de renom, appelle tous les artistes et groupes à observer une minute de silence le 18 mai, en interprétant sa musique. Ainsi, nous transmettons son legs aux jeunes générations et soulignons son rôle crucial dans l’histoire musicale haïtienne. « Yon pèp san listwa se kò san nanm »
En léguant le compas direct à la postérité, Nemours Jean Baptiste a tracé un chemin lumineux pour les générations futures, enrichissant ainsi l’avenir musical d’Haïti. Son influence perdurera à jamais, inscrite dans le rythme envoûtant du compas direct. Ainsi, rendons hommage à Nemours Jean Baptiste, l’architecte du rythme le plus emblématique d’Haïti, dont la musique continue de résonner dans nos cœurs et nos âmes.