Par Pradel Henriquez,
PORT-AU-PRINCE, mardi 2 juillet 2024– Le tout premier ouvrage de Marnatha Irène Ternier vient de paraître aux Éditions C3. Il s’intitule *La Transe des Masques* et comporte près de 410 pages. C’est un ensemble de nouvelles préfacé par Pradel Henriquez, ancien ministre de la culture et de la communication, et postfacé par le professeur Jean-Elie Gilles, docteur ès-lettres et professeur d’université aux États-Unis.
Pour permettre au lecteur de respirer, le livre est divisé en chapitres. Entre sa préface dénommée *Pre-Textes*, ses remerciements qui font partie intégrante de l’ouvrage comme un corps thématique et littéraire entier, et ses quatorze nouvelles, dont les titres incluent :
– Chez moi
– Le bal masqué
– Le bâtard
– Professionnel
– La grande découverte
– Une terne cérémonie
– L’innocence sauve du désespoir
– L’âme de la douleur
– Le coq refuse de chanter
– La diaspora
– La session
– Ayibobo
– Des violences faites aux femmes
– Par-delà le bien et le mal
Cet ouvrage s’ouvre à divers genres littéraires et à d’autres arts, notamment la musique et les musiciens.
Dans sa préface, le journaliste et critique Pradel Henriquez insiste, entre autres, sur la notion de souffrances physiques qui donnent parfois naissance à une grande œuvre :
> “Suite à une douleur atroce qui devait précéder une opération chirurgicale bénigne mais fragile, l’auteure de cet ouvrage de fiction littéraire sur la double problématique des transes et des masques dans notre société a dû affronter l’expérience unique de toute une vie.”
Le préfacier, par modestie ou prudence critique, ne sait toujours pas catégoriser cette œuvre de Marnatha Ternier, très complexe, qui emprunte tantôt à la philosophie, à l’histoire et à la critique littéraire, à l’histoire des religions et aux dégâts causés par ces dernières depuis l’arrivée de Christophe Colomb, jusqu’à nos petits “pasteurs” actuels qui vendent la religion comme du petit pâté chaud.
De fait, on pourrait dire que c’est un recueil de nouvelles, de récits fictifs. Le tout est émaillé de poésie tellement présente que l’on croirait, au fil de la lecture, avoir affaire à un long poème à la manière de René Philoctète, chez qui la poésie coule toujours à flots du premier au dernier mot.
Malgré son caractère fictif, tout est si vrai, tout est vécu. Tout est dit et repérable dans une société où tout le monde connaît tout le monde. On connaît les lesbiennes, les homosexuels, les assassins, les criminels, les corrompus, les voleurs, les fonctionnaires disloqués, les génies, les stars, les idiots, les fous, les prêtres, les pasteurs, les houngans. Ici, tout se sait. On choisit pourtant de vivre à la mode du “kase fèy kouvri sa”.
Dans sa postface, le docteur Jean-Elie Gilles décrit les transes et les masques de Marnatha Irène Ternier comme “une dictée existentielle de l’âme à la recherche du sublime, pour les temps actuels”.
Jean-Elie Gilles poursuit :
> “L’auteure touche par ce recueil trois importants concepts littéraires qui nous concernent tous aujourd’hui : l’altérité, la temporalité de nos existences terrestres et la transe. Cette altérité vise non seulement les douleurs de la femme dans un monde encore accroché au machisme, mais se fait aussi porte-étendard des homosexuels et de tout autre groupe discriminé.”
D’autres commentaires, comme ceux de l’artiste Yole Dérose et du musicien Jean Belony Murat (Bélot), enrichissent la compréhension de l’ouvrage. Pour Bélot :
> “Ce texte de Marnatha Ternier ouvre sur un bal masqué où tombent les masques qui ont du mal à gérer leurs transes.”
L’objectif final de cette œuvre est d’atteindre un “lakou trankil”. Yole Dérose voit ce nouvel ouvrage comme un “appel poignant à la nécessité de regarder au-delà des apparences, de briser les chaînes de l’ignorance, et de trouver la force de se réinventer dans un monde impitoyable.”