Port-au-Prince, vendredi 3 décembre 2021- Les activités scolaires n’ont toujours pas repris à Martissant, banlieue sud de la capitale où se déroulent des affrontements meurtriers entre gangs rivaux des quartiers de Ti-Bois, Gran Ravine et Village de Dieu.
Selon les témoignages de divers habitants de la zone, aucune école ne fonctionne depuis le déclenchement des hostilités en juin dernier, entre les gangs armés qui se battent pour le contrôle du territoire de la troisième circonscription de Port-au-Prince.
Les écoliers n’ont pas pu boucler l’année académique 2020/2021 et ne savent même pas s’ils ont été admis en classe supérieure, selon certains habitants de la zone qui dénoncent le laxisme des autorités qu’ils accusent de céder cette partie du territoire aux gangs armés.
‘‘Depuis la rentrée des classes en septembre dernier, aucune école n’a ouvert ses portes à Martissant,’’ déplorent-ils, souhaitant que quelque chose soit fait pour faciliter la reprise de la vie dans ce quartier qui se vide de plus en plus de sa population.
Ils expliquent que certaines écoles ont été relocalisées dans d’autres zones, mais dans des bâtiments exiguës et inappropriés à l’enseignement.
Interrogé par un reporter de RHINEWS, Christian Marcellus, 27 ans, affirme que de nombreux enfants ont abandonné l’école en raison de la guerre inter-gang qui secoue le quartier de Martissant. Certains sont retournés en province avec leurs parents, précise-t-il.
Selon Marcellus, ‘‘si rien n’est fait pour résoudre le problème des gangs armés et de la violence criminelle dans les quartiers populaires dont Martissant, il y a un fort risque que ces enfants qui ont dû abandonner l’école, viennent un jour remplacer ceux qui, aujourd’hui, sèment la terreur dans les ‘‘ghettos.’’
‘‘Nous vivons dans la galère, privés de tout, sans sécurité ni protection. Personne ne pense à nous, le chômage et la délinquance affectent considérablement nos quartiers, en plus on nous vole notre liberté de circuler,’’ se plaint Christian Marcellus.
Au moins trois personnes ont été tuées dont un professeur et plusieurs autres blessées par balle cette semaine à Martissant lorsque des bandits ont ouvert le feu sur des autobus de transport en commun bondés de passagers.
L’été dernier, des affrontements entre gangs armés avaient poussé plusieurs milliers de famille à abandonner leurs résidences à Martissant pour se retrouver dans des camps de réfugiés à Delmas et à Carrefour.
Aucune tentative de reprise du contrôle de ce quartier tombé aux mains des gangs criminels depuis plusieurs années, n’a été faite.
La police n’a toujours pas ramené le calme, l’ordre et la sécurité dans ce quartier dont l’inaccessibilité coupe la capitale des départements des Nippes, de la Grand-Anse, du Sud, du Sud-Est et une bonne partie de l’Ouest.