Port-au-Prince, samedi 6 novembre 2021- Au milieu d’une recrudescence de la violence en Haïti, les enfants dans les écoles des zones urbaines deviennent de plus en plus la cible de vols ou de rançons, a averti l’UNICEF.
Les événements de la semaine dernière, notamment le meurtre d’un parent et la blessure d’une fille dans une école, ainsi qu’un vol à main armée des salaires des enseignants illustrent la gravité de la situation à Port-au-Prince. Depuis le début de l’année scolaire en septembre, au moins sept écoles dans et autour de la capitale haïtienne de Port-au-Prince n’ont eu d’autre choix que de payer des gangs armés en échange de la sécurité et d’autres ont été menacées, a souligné l’organisation.
« Dans les zones contrôlées par les gangs, les directeurs d’école et les enseignants sont constamment menacés et, s’ils refusent de payer, leurs écoles sont attaquées », a déclaré Jean Gough, directeur régional de l’UNICEF pour l’Amérique latine et les Caraïbes. « Dans toute la capitale, de plus en plus de peur à l’école signifie de moins en moins d’apprentissage. Les gangs transforment rapidement les temples du savoir en théâtres de violence. »
En Haïti, plus d’un demi-million d’enfants ne sont pas scolarisés pour une multitude de raisons, notamment les coûts élevés de l’éducation, le manque de soutien pour les plus vulnérables et la médiocrité des services éducatifs. La violence des gangs devient rapidement une autre raison pour laquelle les parents n’envoient pas leurs enfants à l’école.
Cette année, l’augmentation de la criminalité des gangs a encore limité l’accès aux écoles et empêché des centaines d’enfants de commencer ou de reprendre leurs études. Au cours des derniers mois, des attaques contre des écoles ont été signalées, principalement dans les grands centres urbains. Les menaces croissantes et les actes de violence armée ont forcé certains directeurs d’école à déménager leurs écoles dans d’autres zones échappant au contrôle des gangs.
La violence des gangs à Port-au-Prince et dans ses environs a déjà forcé plus de 19 000 personnes à fuir leur foyer et des milliers d’enfants à interrompre leurs études. Au cours de l’année scolaire 2019-2020, environ 60% de toutes les écoles haïtiennes ont été fermées pendant 60 jours pendant la fermeture du pays. L’UNICEF estime que plus de 230 000 enfants risquent d’abandonner l’école dans les départements du Grand Sud d’Haïti touchés par le séisme du 14 août.
« Avant cette nouvelle vague de criminalité, beaucoup trop d’enfants haïtiens n’étaient déjà pas scolarisés et beaucoup trop d’enfants risquent désormais d’abandonner car les écoles sont dangereuses. En Haïti aujourd’hui, chaque enfant laissé en dehors de la salle de classe est plus vulnérable au recrutement de gangs. L’impact social des abandons scolaires pour l’avenir du pays ne peut être surestimé : Haïti a besoin de plus d’ingénieurs pour reconstruire les écoles, de plus d’infirmières pour vacciner les nouveau-nés, de plus d’enseignants pour donner des cours. Nous devons trouver des moyens de ramener les enfants à l’école et de leur permettre d’apprendre en toute sécurité », a souligné Jean Gough.
Pendant les vacances scolaires, l’UNICEF s’est associé à une université haïtienne pour organiser des cours de rattrapage pour les enfants déplacés et leur permettre de mieux se préparer aux examens de fin d’études secondaires. L’UNICEF s’est également associé à une organisation de la société civile locale pour fournir une éducation non formelle à 240 jeunes déplacés à la périphérie de Port-au-Prince.
Grâce au Partenariat mondial pour l’éducation (GPE), l’UNICEF et ses partenaires ont distribué des kits scolaires à 70 000 enfants des familles les plus vulnérables touchées par les troubles sociaux et la pandémie de COVID-19 et ont apporté un soutien à environ 1 971 enseignants dans 365 écoles à travers le pays. L’UNICEF et le ministère de l’Éducation construisent 900 espaces d’apprentissage temporaires tout en distribuant 100 000 kits scolaires dans les zones touchées par le séisme.
L’UNICEF exhorte tous les acteurs à respecter les établissements d’enseignement et appelle le gouvernement d’Haïti à assurer la sécurité dans et autour des écoles et à prendre des mesures fermes pour lutter contre la violence des gangs contre les enfants.