PORT-AU-PRINCE, mercredi 8 janvier 2025– Dans une lettre ouverte adressée au ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, Augustin Antoine, plusieurs organisations syndicales, regroupées sous la Centrale Unitaire des Travailleurs des Secteurs Public et Privé d’Haïti (CUTSPH), ont appelé le gouvernement à agir de manière urgente face à la crise éducative et sécuritaire qui secoue le pays. Ces organisations incluent l’Union Nationale des Normaliens/nnes d’Haïti (UNNOH), le Syndicat du Personnel du MENFP (SPEMENFP), la Fédération des Associations d’Enseignant du Nord et du Nord-Est (FAENNE), et d’autres entités engagées dans la défense des droits des enseignants et l’amélioration du système éducatif.
« La crise qui secoue depuis des lustres le monde de l’éducation en Haïti est complexe. Sa solution globale et en particulier la satisfaction des justes et légitimes revendications des enseignants/tes nécessite l’implication non seulement du MENFP mais aussi de toute l’équipe gouvernementale », ont souligné les signataires.
Les syndicats ont rappelé que l’insécurité généralisée a exacerbé la précarité des enseignants, entraînant des déplacements forcés et mettant en péril le fonctionnement de nombreuses écoles. « L’insécurité limite la possibilité de déplacement des écoliers, des enseignants et du personnel administratif, et entrave le fonctionnement d’un grand nombre d’établissements scolaires », déplore la lettre. Elle ajoute que de nombreux enseignants ont perdu leur emploi, tandis que des milliers d’autres vivent dans l’incertitude, contraints d’abandonner leurs foyers sous la pression des gangs armés.
Concernant les revendications des enseignants, les syndicats demandent une série de mesures concrètes pour améliorer leurs conditions de travail et restaurer leur dignité. Parmi celles-ci figurent l’ajustement et l’augmentation des salaires, le paiement des arriérés, la nomination des enseignants stagiaires, et l’accès à une formation continue. Ils exigent également la fin de l’insécurité pour permettre la reprise des activités scolaires sur tout le territoire. « Les enseignants exigent un traitement digne et le respect scrupuleux de leurs droits afin de leur permettre d’exercer correctement leur noble métier », martèle la correspondance.
Les syndicats ont insisté sur l’importance d’engager des négociations sérieuses et inclusives. Ils proposent la mise en place d’un comité d’arbitrage et de suivi des discussions, composé de personnalités crédibles et indépendantes. « Avez-vous intérêt à empirer la situation ou à vous engager à résoudre la crise qui secoue le monde de l’éducation ? » interrogent-ils le ministre, appelant à une rupture avec les pratiques dilatoires qui ont marqué les précédentes tentatives de dialogue.
Alors que le budget du MENFP a été doublé, les organisations s’interrogent sur son utilisation effective et dénoncent les risques de corruption. « Si rien n’est fait en termes d’audit pour combattre la corruption, l’augmentation du budget ne servira qu’à enrichir les corrompus et non à améliorer la condition enseignante ou l’éducation globalement », avertissent-elles, tout en rappelant que des promesses d’audit et de réforme tardent encore à se matérialiser.
Les syndicats exhortent le ministre et l’ensemble de l’équipe gouvernementale à prendre rapidement les mesures nécessaires pour répondre à leurs revendications et instaurer un climat de confiance. « Révoltés/es et indignés/es face au mépris manifeste des gouvernants, les enseignants/tes n’entendent pas reculer », conclut la lettre, signée par des représentants de toutes les organisations syndicales concernées.