GEORGETOWN, (Guyana), samedi 1er mars 2025- L’objectif ambitieux des 15 États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) de réduire de 25 % leur facture d’importation alimentaire de 6 milliards de dollars d’ici la fin 2025 a été repoussé à 2030. L’annonce a été faite par le président de la Guyana, Dr Irfaan Ali, lors de la 48e réunion des chefs de gouvernement de la CARICOM à Bridgetown, à la Barbade.
Ali a souligné que l’année 2024 a été marquée par des impacts majeurs liés au changement climatique, notamment l’ouragan Beryl, ainsi que par des tensions géopolitiques. Il a également mis en évidence la hausse significative des prix mondiaux de plusieurs denrées alimentaires essentielles importées par la région, notamment la viande de bétail, les produits laitiers, l’huile végétale et le sucre brut. Cette inflation a directement affecté les économies des pays membres de la CARICOM.
Le dirigeant guyanais a averti que la pression sur les coûts alimentaires devrait s’accentuer en 2025 en raison des défis climatiques, de la hausse des coûts du transport et de la logistique, ainsi que des incertitudes liées aux tarifs douaniers et aux règles commerciales.
Il a cité l’exemple préoccupant de la grippe aviaire, apparue en mars 2022, qui a atteint un niveau alarmant. « Aux États-Unis, la production d’œufs a chuté de 20 %, alors que nous dépendons largement de ce pays pour nos œufs à couver. De nombreux pays s’approvisionnent également en œufs de consommation aux États-Unis », a déclaré Ali. Il a ajouté que dans certaines régions, le coût des œufs a augmenté de 70 % d’une année sur l’autre depuis l’apparition du virus.
En janvier de cette année, les prix des œufs aux États-Unis avaient déjà augmenté de 15 %. Concernant la viande de volaille, la production américaine a enregistré une baisse de 11 %. Ali a souligné l’importance de cette situation en rappelant que les États-Unis détiennent près de 30 % du marché mondial de la volaille. Il a averti que si le Brésil venait à être touché par des perturbations similaires, les conséquences sur les prix et l’approvisionnement seraient considérables.
Malgré ces défis, le président a rappelé les progrès réalisés depuis le lancement de l’initiative « 25 by 2025 », juste avant la pandémie de COVID-19 en 2020. « Entre 2022 et fin octobre-novembre 2024, la production alimentaire régionale a augmenté d’environ 24 %. Des investissements majeurs ont été réalisés dans les infrastructures pour soutenir la production alimentaire, notamment dans le stockage frigorifique, les routes d’accès aux marchés agricoles, les installations de séchage solaire, les crédits agricoles et la mise en place d’unités de production laitière », a précisé Ali. Il a également noté une augmentation significative des investissements du secteur privé et des financements destinés au secteur agricole et à la chaîne de production alimentaire.
Au cours des quatre dernières années, des investissements cruciaux ont été réalisés pour mettre en place une salle de gestion des données et un centre d’information permettant aux agriculteurs d’accéder à des analyses prédictives et en temps réel.
Ali a également évoqué plusieurs projets qui seront menés avec l’appui de l’Institut Interaméricain de Coopération pour l’Agriculture (IICA). Parmi eux, un projet visant à renforcer la résilience des communautés côtières face au changement climatique grâce à une chaîne de valeur agro-marine intégrée. Un autre projet prévoit l’installation d’un laboratoire de fabrication numérique (Fab Lab) pour promouvoir l’innovation technologique dans l’agriculture et le tourisme, tout en réduisant la fracture numérique et en favorisant la formation des jeunes et des femmes aux solutions technologiques appliquées à la production alimentaire et agricole.
Dans l’ensemble, Ali a affirmé que ces initiatives permettront d’élargir la vision de la CARICOM au-delà de la simple sécurité alimentaire, en intégrant la résilience, la durabilité et l’innovation technologique, avec une participation accrue des femmes et des jeunes d’ici 2030.