GENÈVE, (Suisse), lundi 14 avril 2025 (RHINEWS)– L’imposition de nouveaux droits de douane par les grandes puissances économiques risque d’aggraver la précarité des pays les plus vulnérables, alerte la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), dans un rapport publié lundi.
L’agence onusienne dénonce les récentes hausses tarifaires annoncées par les États-Unis, visant 57 pays au nom de la réciprocité commerciale. Elle appelle à une exemption totale pour les économies à faible revenu, dont la contribution aux déficits commerciaux américains est jugée négligeable. Le rapport intervient alors qu’un moratoire de 90 jours a été décrété par Washington, à la suite de vives critiques internationales, notamment concernant des hausses allant jusqu’à 50 % pour le Lesotho.
« Dans la plupart des cas, ces droits de douane ne serviront ni à réduire efficacement les déficits commerciaux des États-Unis, ni à accroître leurs recettes fiscales », estime la CNUCED. Sur les 57 pays visés, 28 ne représentent chacun que moins de 0,1 % du déficit américain. Parmi eux, 11 sont classés parmi les pays les moins avancés (PMA), particulièrement exposés aux turbulences économiques mondiales.
En 2023, près des deux tiers des échanges mondiaux se sont effectués sans droits de douane, reflet d’un système multilatéral fondé sur des règles qui favorise les économies en développement. La tendance actuelle, marquée par des tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine, fait craindre un retour au protectionnisme généralisé.
La CNUCED souligne également que plusieurs pays concernés exportent des produits agricoles rares ou non substituables, comme la vanille de Madagascar ou le cacao de Côte d’Ivoire et du Ghana. En 2024, les États-Unis ont importé pour 150 millions de dollars de vanille malgache et près d’un milliard de dollars de cacao d’Afrique de l’Ouest. Taxer ces produits pourrait entraîner une hausse significative des prix pour les consommateurs américains, tout en fragilisant des filières vitales pour ces pays exportateurs.
Le rapport conclut que toute stratégie tarifaire devrait prendre en compte la capacité réelle des pays ciblés à répondre aux exigences commerciales, faute de quoi ces mesures risquent de « compromettre gravement » leurs recettes publiques et leurs perspectives de développement.