DAVOS, (Suisse), vendredi 24 janvier 2025– À un moment charnière marqué par des tensions géopolitiques, des mutations économiques et des avancées technologiques accélérées, le 55e Sommet annuel du Forum économique mondial (FEM) s’est tenu à Davos-Klosters, en Suisse, du 21 au 24 janvier 2025. Sous le thème central « Collaboration for the Intelligent Age », cet événement a réuni près de 3 000 dirigeants provenant de 130 pays, issus des gouvernements, du secteur privé, de la société civile et du milieu académique, dont plus de 350 chefs d’État, ministres et hauts responsables, pour réfléchir aux défis mondiaux et proposer des solutions durables.
Environ 500 sessions et ateliers ont été organisés au cours de cette rencontre, créant un espace de dialogue, de débat et d’alignement entre diverses perspectives. Le Forum et ses partenaires ont également lancé ou approfondi des initiatives à fort impact et des communautés engagées, fournissant des plateformes de collaboration sur plusieurs années à travers différentes régions et industries. « L’avenir ne se construit pas seul. Il est façonné par les personnes », a déclaré Klaus Schwab, fondateur et président du conseil d’administration du Forum. Il a ajouté que cette époque devait être vue comme une opportunité permettant à chaque individu de réaliser son plein potentiel dans un cadre intelligent et collaboratif.
Dans un contexte de tensions géopolitiques et géoéconomiques croissantes, marqué par une transition vers un monde multipolaire et une concurrence exacerbée entre puissances mondiales, les participants ont souligné l’importance de la coopération et de la résilience. « Nous vivons l’un des moments les plus complexes de ces dernières générations », a affirmé Børge Brende, président du Forum économique mondial. « Le conflit ne peut remplacer le compromis, et la force ne saurait se substituer au dialogue. » Donald J. Trump, président des États-Unis, a exprimé son souhait de rencontrer Vladimir Poutine pour discuter d’une résolution du conflit en Ukraine, mettant en avant le coût humain élevé de cette guerre. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a appelé à un changement de cap pour l’Europe, déclarant : « Nous devons saisir les opportunités au-delà des clivages traditionnels. L’Europe est prête à changer. »
Les dirigeants ont mis en avant la nécessité de redéfinir les modèles de croissance économique face aux incertitudes globales. Cyril Ramaphosa, président de l’Afrique du Sud, a qualifié le continent africain de « prochaine grande frontière de la croissance mondiale », mettant en avant ses ressources naturelles et sa population jeune. Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international, a insisté sur l’importance de la coopération régionale dans un monde où les relations économiques reflètent de plus en plus les réalités géopolitiques. Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, a exhorté l’Europe à renforcer ses marchés de capitaux et ses investissements locaux pour stimuler sa compétitivité.
L’intelligence artificielle (IA) a été au cœur des discussions, les intervenants soulignant son rôle dans la transformation rapide des industries et de la société. Dario Amodei, PDG d’Anthropic, a prédit que les progrès technologiques dans des domaines comme la biologie pourraient équivaloir à un siècle d’innovations en seulement cinq ou dix ans. Cependant, plusieurs participants, dont Paula Ingabire, ministre de l’Innovation du Rwanda, ont mis en garde contre les risques de l’élargissement des inégalités numériques. Le Forum a dévoilé des initiatives telles que le Global Cybersecurity Outlook 2025 et le AI Governance Alliancepour encadrer l’adoption de l’IA tout en maximisant ses bénéfices.
Les défis climatiques ont également occupé une place centrale dans les discussions. Cindy McCain, directrice exécutive du Programme alimentaire mondial des Nations unies, a rappelé que « le Sud global paie le prix des dommages causés par d’autres régions du monde », tandis que Hindou Oumarou Ibrahim, présidente de l’Association des femmes peules et peuples autochtones du Tchad, a souligné l’importance de la nature pour la survie des communautés autochtones. Parmi les initiatives annoncées, la République démocratique du Congo a dévoilé la création de la plus grande réserve de forêt tropicale au monde, combinant préservation, développement durable et énergies renouvelables.
L’accent a également été mis sur l’éducation et le développement des compétences pour préparer la main-d’œuvre mondiale aux exigences de l’ère intelligente. Muhammad Yunus, conseiller au gouvernement intérimaire du Bangladesh, a encouragé les dirigeants à investir davantage dans la jeunesse, qualifiant cette génération de « plus puissante de l’histoire de l’humanité ». Anita Zaidi, coprésidente de l’Alliance mondiale pour la santé des femmes, a souligné que combler les écarts de genre en matière de santé était essentiel pour renforcer la résilience économique et sociale des communautés.
Ce sommet a démontré que la coopération mondiale, l’innovation et l’engagement collectif restent essentiels pour relever les défis de notre temps et façonner une ère intelligente, inclusive et durable. « L’optimisme est une nécessité, pas un choix », a affirmé Varsen Aghabekian, ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, résumant l’esprit du Forum 2025.