NEW-YORK, mercredi 16 avril 2025 (RHINEWS)– L’économie mondiale donne des signes inquiétants de faiblesse. Dans une évaluation rendue publique ce mardi, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) prévoit une baisse du rythme de croissance globale en 2025. Le produit intérieur brut (PIB) mondial n’augmenterait que de 2,3 %, contre 2,8 % en 2024. Une tendance que l’ONU considère comme annonciatrice d’un risque sérieux de récession.
À l’origine de cette contraction, la multiplication des incertitudes économiques et la montée en flèche des tensions commerciales, particulièrement exacerbées ces dernières semaines. « Le climat d’incertitude sur le plan des politiques commerciales atteint des sommets inédits, ce qui ralentit les décisions d’investissement et limite les embauches », avertit le rapport intitulé Perspectives du commerce et du développement 2025.
La CNUCED pointe notamment les bouleversements récents dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et la nervosité persistante des marchés financiers, consécutifs à l’offensive tarifaire lancée par les États-Unis.
En mars, la Maison Blanche avait annoncé une hausse généralisée des droits de douane ciblant de nombreux partenaires commerciaux. Devant les réactions virulentes, Washington a partiellement reculé en annonçant un moratoire de trois mois sur certaines de ces mesures. Ce sursis ne s’applique toutefois pas à la Chine, qui subit une augmentation drastique des droits américains. Pékin a immédiatement répliqué par des sanctions visant l’agriculture et les technologies en provenance des États-Unis, faisant basculer les deux premières puissances économiques dans un affrontement frontal.
Ce regain de tension provoque de fortes turbulences. Sur les marchés, les indices boursiers vacillent et les investisseurs se réfugient dans les valeurs sûres. Les chaînes logistiques, elles, subissent de plein fouet l’impact des frictions : coûts en hausse, délais rallongés, et redéploiements commerciaux précipités. Plusieurs industries, de l’Asie à l’Amérique latine, freinent leurs plans d’investissement et limitent leurs recrutements.
Les pays en développement, en particulier les plus vulnérables, sont les premiers touchés. Le rapport cite un enchaînement de facteurs préoccupants : conditions de financement défavorables, niveaux d’endettement préoccupants, et affaiblissement de la demande intérieure. Pour la CNUCED, ces éléments menacent de faire dérailler les trajectoires de développement de nombreux pays à faible revenu.
Toutefois, un élément positif émerge dans ce tableau sombre. Le commerce Sud-Sud – c’est-à-dire entre pays en développement – montre des signes de dynamisme, représentant désormais environ un tiers du commerce mondial. Cette résilience, nourrie par une intensification de l’intégration régionale, constitue selon le rapport « une opportunité concrète pour amortir les chocs extérieurs ».
Face à la fragmentation croissante du commerce mondial, la CNUCED appelle à une réponse collective. Elle encourage les États à relancer le dialogue commercial, à renforcer les alliances régionales et à repenser les mécanismes de coopération. Seule une action concertée permettrait, selon l’agence, de restaurer la confiance et d’éviter un retour en arrière sur des décennies de progrès en matière de développement.